Volée au musée du Havre en 1973, une petite huile sur toile d’Edgar Degas est réapparue dans le catalogue d’une vente aux enchères new-yorkaise de novembre. Retiré in extremis de la vacation sur requête du ministère français de la Culture, le tableau, qui est inscrit à l’inventaire des collections du Musée d’Orsay, fait aujourd’hui l’objet d’une demande de récupération de la part de la France. L’actuel détenteur plaide sa bonne foi.
PARIS - Heureux hasard pour le Musée d’Orsay que ce coup d’œil d’un amateur sur le catalogue de la vente d’art impressionniste et moderne du 3 novembre chez Sotheby’s New York. Le 15 octobre au matin, la directrice du Musée Malraux, au Havre, Annette Haudiquet, reçoit un appel d’un homme affirmant avoir reconnu sous le lot no 142 les Blanchisseuses souffrant des dents (1870-1872), tableau d’Edgar Degas dérobé au musée havrais en 1973. La directrice alerte immédiatement à la fois le service des Musées de France, l’Office central de lutte contre le trafic de biens culturels (OCBC) et le Musée d’Orsay. Léguée à l’État en 1953 par Carle Dreyfus, pour les collections du Musée du Louvre, l’œuvre figure bien à l’inventaire d’Orsay, musée auquel elle a été affectée en 1986. Le 19 octobre, Sotheby’s retire in extremis le tableau de la vente sur demande du ministère français de la Culture ; son détenteur, « client de longue date » d’après la maison de ventes, plaide la bonne foi.
Selon le site La Tribune de l’art, qui a révélé l’affaire le 3 novembre, l’œuvre n’était pas répertoriée dans la base de données d’Interpol, dûment consultée par les équipes de Sotheby’s. Cependant, et comme le confirme le service des Musées de France, le numéro d’inventaire des collections du Musée du Louvre, « R. F. 1953 8 », est clairement lisible au dos du tableau. Grâce à des éléments tels que le procès-verbal du vol, retrouvé dans les archives de la police judiciaire de Rouen, la propriété de l’État français ne fait aucun doute.
Impossible à racheter
Une négociation en vue de récupérer l’œuvre a été engagée via Sotheby’s par le ministère, avec le détenteur, lequel doit désormais apporter les preuves de sa bonne foi. Le service des Musées de France précise que l’État français ne peut pas racheter à lui-même des œuvres inaliénables et imprescriptibles – les rares fois où la France a réclamé une pièce retrouvée sur le sol américain, elle l’a toujours récupérée sans contrepartie financière. Interpol a également engagé une procédure à l’amiable afin de déterminer de quelle façon et à quelle date la toile s’est retrouvée aux États-Unis. Rappelons qu’après le vol perpétré en décembre 1973, le Degas avait fait l’objet d’une demande de rançon sous peine d’être détruite. Une piste farfelue que les autorités avaient préféré abandonner.
Il est encore trop tôt pour dire à quelle institution l’œuvre serait aujourd’hui affectée si, par bonheur, le ministère la récupérait. Mais, comme le précise Annette Haudiquet, elle a été déposée au musée havrais le 26 juin 1961, deux jours après son inauguration par le ministre des Affaires culturelles André Malraux. Autrement dit, le tableau fait partie de l’histoire du musée havrais.
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Un Degas réapparaît
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°335 du 19 novembre 2010, avec le titre suivant : Un Degas réapparaît