FRANCE
Le budget de la mission « Culture » va augmenter de 8,2 % en 2022, auquel s’ajoutent les crédits du plan de relance.
Paris. En général, les budgets de dernière année de mandat présidentiel sont plutôt généreux. Pour 2022, cette libéralité prend encore plus d’ampleur avec le « quoi qu’il en coûte » des plans de soutien et de relance pour faire face à la crise du Covid-19, dont la culture a largement profité. Dans le détail des actions, il n’est pas toujours facile de distinguer ce qui procède des dépenses « ordinaires » du budget de ce qui procède du plan de relance (dénommé « France Relance »), d’autant que le ministère a tendance à utiliser l’un ou l’autre en fonction de ce qui l’arrange. Si, in fine, c’est toujours de l’argent – beaucoup d’argent – qui arrive à la culture, l’exécutif prend cependant soin d’isoler les grandes masses du budget « ordinaire » pour l’inscrire dans une continuité comptable et sans doute ne pas fausser la lecture des budgets du prochain quinquennat [lire encadré].
Stricto sensu, les crédits de paiement de la mission « Culture » (patrimoine, création, transmission et démocratisation de la culture) vont augmenter de 8,2 % en 2022, après une hausse de 4,6 % en 2021. En ajoutant les crédits de la mission « Médias, livre et industries culturelles » – la partie « communication » du ministère –, le budget du ministère va augmenter de 7,3 % (contre 4,4 % en 2021). La Rue de Valois fait partie des privilégiés du projet loi de finances pour 2022, comme la Place Vendôme (+ 8 %) ou la Place Beauvau (+ 6,04 %).
Mais comme toujours, il faudra attendre la clôture des comptes – la loi d’exécution – pour savoir ce qui a réellement été dépensé afin de faire des comparaisons pertinentes. D’autant que cette année, un projet de loi rectificatif prévu en novembre devrait abonder les crédits de la culture de 234 millions d’euros pour aider les grands opérateurs à la trésorerie dans le rouge, somme qui ne figure pas dans les budgets de comparaison pour 2021. Et 234 millions d’euros pour un budget initial de la mission « Culture » de 3,2 milliards d’euros, ce n’est pas rien.
La nouvelle direction du ministère qui regroupe l’enseignement supérieur, l’éducation artistique et culturelle et le Pass culture est la grande gagnante du budget 2022 avec une hausse spectaculaire de 31,4 %. À lui seul, le Pass culture absorbe plus de la moitié des nouveaux moyens (+ 263 M€) de la mission « Culture ». Car maintenant que le Pass est non seulement généralisé aux jeunes de 18 ans, mais aussi étendu aux collégiens et lycéens, il faut le financer. L’exécutif alloue ainsi 96 millions d’euros pour le remboursement des offreurs. Arithmétiquement, même avec une bourse qui est passée de 500 à 300 euros, cela semble insuffisant pour les 830 000 jeunes de 18 ans – il faudrait 249 M€. Mais en ne remboursant pas du tout les offreurs numériques et partiellement les offreurs de services non numériques (spectacles) ou de bien physiques (livres), auxquels s’ajoutent ceux qui ne profiteront pas du Pass ou ne consommeront pas tout leur crédit, la société par actions simplifiée (SAS) Pass culture pense entrer dans les clous. 38 millions d’euros sont alloués au Pass des élèves de la 4e à la terminale qui bénéficieront d’une bourse individuelle (pour les lycéens) et d’une bourse collective, par exemple 20 euros en individuel et 30 euros en collectif pour les lycéens.
Paradoxalement, les moyens de l’éducation artistique et culturelle augmentent peu (+ 1,5 M€) alors qu’elle couvre beaucoup plus de jeunes – avec les primaires. Finalement, ses moyens sont deux fois moindres que ceux du Pass culture (100 M€ au lieu de 199 M€ pour le Pass), ce qui envoie un message consumériste pour le moins curieux sur la démocratisation culturelle. Le message est, en revanche, plus pertinent à l’égard des étudiants et des établissements d’enseignement supérieur dont les crédits passent de 241 millions d’euros à 267,8 millions (+ 11,1 %). Ces 26,7 millions d’euros de mesures nouvelles iront pour 6,7 millions d’euros vers les étudiants – pour notamment revaloriser les bourses – et le solde vers les établissements eux-mêmes.
À la jeunesse, s’ajoutent les territoires, deux axes forts de la stratégie politique d’Emmanuel Macron que les ministres sont priés de traduire dans les chiffres du budget, comme on vient de le voir précédemment. S’agissant des territoires, la ministre a mis en avant l’augmentation de 4 % des crédits déconcentrés dans les Drac, pour atteindre 962 millions d’euros.
Les arts plastiques profitent aussi des largesses de ce dernier budget, avec une hausse de 12,6 %. Le poids de ce département est traditionnellement plus faible (101 M€), compte tenu du nombre réduit d’opérateurs (Cité de la céramique, Jeu de paume). Le Cnap dispose d’une rallonge de 9 millions d’euros pour financer la poursuite de son déménagement à Pantin, tandis que le Mobilier national – qui va mutualiser ses réserves avec le Cnap –, va acquérir une plus grande autonomie en prenant le statut d’établissement public et, au passage, augmenter son budget et ses effectifs.
S’agissant des effectifs, justement, le ministère va pouvoir de nouveau augmenter son plafond d’emplois (certes de peu : quinze personnes de plus en équivalent temps plein). Des candidats qui seront peut-être attirés par une revalorisation des salaires puisque les dépenses de personnel vont augmenter de 3,7 % en 2022.
Un budget en hausse de 15 % sur le quinquennat
Présidentielle. Jusqu’au Covid, le budget de la culture faisait plutôt du surplace : + 2 % entre la loi de finances initiale 2020 et celle de 2017. C’est ce que le président appelait durant la campagne « un effort public maintenu ». La crise a rebattu les cartes et, deux ans plus tard, le projet de budget 2022 affiche une hausse de 15 % des crédits du ministère par rapport à 2017. Sans surprise, compte tenu du bond en avant de l’éducation artistique et culturelle, et du Pass culture, ce poste constitue la moitié des dépenses nouvelles. Mais le patrimoine n’est pas pour autant délaissé, grâce à France Relance.
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Un budget culture de fin de quinquennat
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°574 du 1 octobre 2021, avec le titre suivant : Un budget culture de fin de quinquennat