Fondation

Toulouse

Un Argentin crée sa fondation

De Cranach à Bonnard

Par Le Journal des Arts · Le Journal des Arts

Le 1 janvier 1995 - 446 mots

Georges Bemberg, Argentin francophone, a choisi de léguer sa collection de tableaux et d’objets d’art à une fondation qui porte son nom. Elle sera exposée à Toulouse dans un hôtel Renaissance, qui ouvre ses portes ce mois-ci.

TOULOUSE - La Fondation Bemberg sera inaugurée le 26 janvier à l’hôtel d’Assézat, ancien siège des Académies et Sociétés savantes, restauré et remanié pour plus de trente millions de francs. À l’origine de ce projet : le collectionneur Georges Bemberg, descendant d’une famille d’industriels de Cologne, implantée depuis plusieurs générations en Argentine. Sans héritier direct, il a choisi la France, où il a passé une grande partie de sa vie, pour établir sa fondation. Pourquoi Toulouse ? "Paris est déjà tellement riche, personne n’avait besoin de ma petite contribution.

Et lorsque Dominique Baudis, le maire de Toulouse, m’a proposé l’hôtel d’Assézat, j’ai immédiatement été séduit", déclare-t-il.

Georges Bemberg n’a pas légué sa collection à la Ville de Toulouse mais à une fondation, personne morale et indépendante, dotée d’un conseil d’administration présidé par Georges Bemberg. La fondation a la charge exclusive des frais de fonctionnement. À la différence des pays anglo-saxons, la création d’une fondation relève, en France, du chemin de croix. Sa naissance doit être consacrée par un décret d’État, et la collection doit être soumise à un comité d’experts, composé en particulier de Pierre Rosenberg et de Françoise Cachin. II a ainsi fallu cinq ans à Georges Bemberg pour mettre son projet à exécution.

Une quarantaine de tableaux
Cette collection réunit une quarantaine de tableaux anciens, essentiellement des Écoles flamandes et hollandaises des XVIe et XVIIe siècles (Pieter de Hooch, Cuvenes, Savery, Vermeyen, Pourbus), mais aussi des toiles de l’École vénitienne (Tintoret, Canaletto, Guardi), deux panneaux de Cranach, ainsi que des bronzes, des livres anciens et divers objets (émaux, appliques...) des XVIe et XVIIe siècles.

Autre orientation de la fondation, des tableaux et dessins du XXe siècle : des Bonnard en nombre (plus de vingt toiles), des Fauves et des Nabis (Vlaminck, Vuillard,  Matisse...), sans oublier des œuvres de Manet, Monet, Degas ou Boudin. Un espace a été aménagé au sous-sol en vue d’expositions temporaires.

Georges Bemberg a acquis seul la majeure partie de sa collection, lors de ventes aux enchères à Londres, Paris et New York durant les années 50 et 60. Il sait très exactement ce qu’il aime et ce qui lui déplaît : oui aux Matisse de Collioure, non aux Vlaminck postérieurs à 1921. Aux populaires "nus au bain" de Bonnard, il préfère les paysages et les natures mortes. Collection au "désordre" apparent, elle reflète la nature éclectique de son fondateur. "J’ai acquis chacune d’elles parce qu’elle me plaisait. C’est aussi simple que cela", souligne-t-il.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°10 du 1 janvier 1995, avec le titre suivant : Un Argentin crée sa fondation

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