Silencieux, Claude Vasconi n’en a pas moins été, depuis deux ans, particulièrement prolifique, livrant des bâtiments à Rouen et à Berlin, à Grenoble et à Strasbourg, ou tout récemment, à Vélizy-Villacoublay (Yvelines). Et, de toute évidence, les deux années à venir s’annoncent tout aussi fécondes.
Dans la mémoire collective, Vasconi c’est, entre autres, le très “janusien” centre des congrès de Reims (1994) ; la formidable tour Lille-Europe qui enjambe majestueusement la gare et les voies TGV de la capitale du nord de la France (1995) ; ou encore la très subtile réhabilitation et reconversion en centre d’activités, mêlant histoire et modernité, des usines de locomotives Borsig à Berlin...
Claude Vasconi est un grand bâtisseur. Tout autant ingénieur qu’architecte, ses bâtiments témoignent à la fois d’une profonde culture technique et scientifique tendue vers la maîtrise de la matière, et d’une continuité volumétrique imparable qui constitue l’essence même de son écriture architecturale.
Cette double maîtrise génère ainsi, d’un bâtiment l’autre, un vocabulaire extrêmement précis, exprimant franchise, puissance et mouvement au travers d’un concert de de courbes et de contre-courbes, de carapaces et de traversées, de proues et de poupes... d’où émerge une évidente tentation, celle de la sculpture.
Depuis deux ans donc, Vasconi n’a cessé de produire, livrant successivement : un surprenant vaisseau ancré à quai au Grand-Quevilly (Seine-Maritime), là où, justement, fut construit le paquebot France ; cet autre paquebot à la silhouette massive, grise et bleue, qui est l’Unité de valorisation énergétique (déchetterie et incinérateur !) de Rouen (2000) ; un vaste ensemble de bureaux sur le Gendarmenmarkt dans le centre historique de Berlin (2001) ; le palais de justice de Grenoble, pièce maîtresse du nouveau quartier Europole, adossé à la gare TGV et dont la toiture s’élance dans le vide à la manière d’une aile protectrice (2002) ; l’ISIS (Institut de science et d’ingénierie supramoléculaires) que l’Alsacien Vasconi a édifié à Strasbourg, au cœur de l’université, et qui se déploie tel un éventail en direction de la vieille ville et des Vosges (2002) ; et enfin, inauguré le 7 mars dernier, L’Onde, centre culturel – conservatoire de musique et de danse à Vélizy-Villacoublay. Un bâtiment où se mêlent le verre, le granit et le métal dans une myriade de gris d’une grande subtilité. Avec sa grande salle de spectacle, sa rue intérieure, ses salles modulables de répétition et de cours, L’Onde s’inscrit dans la lignée de ces lieux conçus par Vasconi, à l’image de La Filature à Mulhouse. C’est que les salles de Vasconi, qu’il s’agisse de Mulhouse, de Reims ou encore de Montpellier “sonnent” magnifiquement. À cela une bonne raison : Vasconi est lui-même musicien et mélomane. Architecte, ingénieur, sculpteur et musicien, Vasconi nous prépare pour les mois à venir la livraison d’un grand hôtel à La Défense, figure de proue acérée semblant s’élancer vers Paris ; la chambre de commerce et le siège de la banque Dexia, tous deux à Luxembourg ; et enfin l’aménagement à Amiens de la place Fiquet, au pied de la célébrissime “tour Perret”, qui, lorsqu’elle sera couverte d’une sorte de canopée pixelisée dans les tons vert et reposant sur une forêt de mâts métalliques, s’inclinera en pente douce jusqu’à la gare.
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Tout en courbe
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°167 du 21 mars 2003, avec le titre suivant : Tout en courbe