D’après le directeur des musées du Vatican, la sueur, la poussière et les pellicules émises chaque jour par plus de 15 000 visiteurs à la chapelle Sixtine, au Vatican, sont lentement et sûrement en train d’endommager les fresques de Michel-Ange et de Botticelli.
ROME - S’exprimant dans le quotidien italien La Repubblica, Antonio Paolucci a précisé que « chacun des 4,5 millions de touristes qui visitent la chapelle Sixtine chaque année introduit de la poussière avec ses habits. Ils répandent des cellules mortes de la peau et, bien entendu, ils respirent. Chaque corps humain augmente le taux d’humidité à l’intérieur de la chapelle. Tout cela contribue à une accumulation de poussière sur les fresques qui ornent les murs de la chapelle ». De nouvelles mesures de contrôle des conditions atmosphériques doivent être adoptées, a-t-il ajouté. Une équipe de trente conservateurs, qui a débuté une campagne de nettoyage de la chapelle en juillet dernier, a pu constater les dégâts.
Malgré les avertissements de l’État du Vatican, le gouvernement italien a bien l’intention de poursuivre son projet visant à augmenter le nombre de visiteurs des sites patrimoniaux dits de « choix », parmi lesquels la Galleria dell’Accademia de Florence, Pompéi et la Pinacothèque de Brera à Milan. Le ministère pour les Biens et les Activités culturels italien entend s’investir encore plus dans ces sites déjà surfréquentés afin de dynamiser l’industrie culturelle du pays. Son objectif est de doubler le nombre de visiteurs à la Galerie des Offices de Florence et au Colisée à Rome.
Les professionnels des musées italiens craignent que les institutions du pays exclues de cette sélection de sites ne souffrent d’une baisse de financement. Lorsque des fonds sont récoltés pour rénover un musée, le public n’en voit pas toujours les bénéfices. Ainsi, si le Musée archéologique de Baia, logé dans un château médiéval, a été restauré en 2008 à hauteur de 50 millions d’euros, ses galeries n’ont jamais été ouvertes au public, faute de personnel. Et les statistiques de fréquentation peuvent être contre-productives : le Musée archéologique d’Ancône a affiché 2 350 visiteurs payants en 2009, n’engendrant que 8 700 euros de revenus ; le célèbre Musée de Ferrare n’a attiré que 4 200 visiteurs ; le Musée archéologique de Formia n’a compté que 678 visiteurs l’an dernier. Même à Rome, deux grands musées sont quasiment laissés à l’abandon : seuls 2 650 visiteurs ont franchi les portes du Musée national d’art oriental l’an dernier, tandis que le Musée d’ethnographie Luigi-Pigorini, le plus grand d’Italie, n’a attiré que 3 800 visiteurs payants.
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°333 du 22 octobre 2010, avec le titre suivant : Toujours plus