Au Musée national de Tokyo, la galerie Horyu-ji est demeurée fermée pendant cinq ans. Auparavant, elle n’était ouverte que le jeudi, « si les conditions météorologiques le permettaient ». Une page est tournée depuis l’inauguration, le mois dernier, d’une nouvelle galerie aux heures d’ouverture plus étendues.
TOKYO (de notre correspondante) - Horyu-ji, fondé en 607, est le plus ancien temple du Japon. Situé dans les environs de Nara, capitale du pays au XVIIIe siècle, il recelait quelques-uns des plus beaux objets des débuts de l’art bouddhique. Mais durant l’ère Meiji, à la fin du XIXe siècle, les mesures antibouddhistes avaient conduit à son déclin. En 1876, afin de récolter des fonds pour remettre le temple en état, les prêtres avaient fait don à la Maison impériale de 300 objets, qui ont par la suite rejoint l’Imperial Household Museum, devenu le Tokyo National Museum : statues de Bouddha en bronze doré, nimbes, masques, peintures et manuscrits, petits meubles, étoffes, instruments d’écriture, calligraphies, objets rituels, armes, instruments de musique.
À la collection d’origine se sont ajoutées les acquisitions successives, parmi lesquelles des objets en laque du XIIe siècle, des armes du XIVe siècle et des boîtes de l’ère Edo. La collection Horyu-ji compte de nombreuses pièces du VIIe siècle ; la plupart ont une importante valeur culturelle ou sont des trésors nationaux. Particulièrement remarquables, un dais en dentelle de bronze doré qui était utilisé lors des cérémonies religieuses, et un encensoir dont l’extrémité a la forme d’une pie, le plus vieil exemple de ce type à avoir survécu. Ces trésors, et d’autres trésors nationaux appartenant à la Maison impériale, figurent dans l’exposition inaugurale. À cette occasion sera présenté un portrait du fondateur du temple, Shotoku, prince et mécène. Cette œuvre du VIIIe siècle, célèbre mais très rarement montrée, est issue de la collection de l’Empereur. L’exposition des statues bouddhistes est spectaculaire : elles reposent sur des socles en bois et sont éclairées par de minuscules lampes à fibres optiques placées à l’intérieur des vitrines, et par des projecteurs au-dessus, tandis que l’éclairage général reste faible. Par la suite, la galerie présentera sa collection permanente. Le bâtiment, conçu par l’architecte japonais Yoshio Taniguchi dans un style moderniste, est “doté des dernières technologies en matière de conservation”. Auparavant, la fragilité des trésors du temple Horyu-ji entraînait la fermeture “hermétique” du musée à la moindre goutte de pluie pendant la saison humide, de juin à septembre. Même si tous ces chefs-d’œuvre sont aujourd’hui beaucoup plus accessibles, les masques Gigaku utilisés pour les danses rituelles demeurent une exception. La galerie qui les conserve ne sera ouverte qu’un seul mois au cours du printemps, de l’été et de l’automne, car, selon le musée, les mois d’hiver sont trop secs pour que l’on puisse les exposer sans risque !
20 juillet-29 août, Horyu-ji Gallery, Tokyo National Museum, Uemo Park 13-9, Taito-ku, Tokyo, tél. 81 3 3822 1111. Internet : www.tnm.go.jp
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Tokyo : un musée au beau fixe
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°86 du 2 juillet 1999, avec le titre suivant : Tokyo : un musée au beau fixe