Samuel Keller

« Relation man »

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 19 août 2009 - 601 mots

Dans le petit monde du milieu de l’art, sa nomination en juin 2006 à la direction de la fondation Beyeler a fait l’effet d’une bombe. Nul ne s’y attendait.

La quarantaine alors tout juste entamée, Samuel Keller, qui dirigeait la Foire de Bâle depuis sept ans, était donc celui sur lequel Ernst Beyeler avait jeté son dévolu pour prendre en main l’avenir de sa fondation. Un pari non seulement surprenant mais osé au regard du C.V. de l’intéressé, dont le profil dessinait bien plus le portrait d’un manager que celui d’un conservateur ou d’un historien de l’art, à l’image de Christoph Vitali auquel il devait succéder.

Sans doute est-ce pour cela même que Beyeler l’avait choisi, ayant eu tout le loisir de le voir à la tâche et d’observer comment le jeune directeur d’Art Basel s’y était pris pour en faire la première de toutes les foires au monde. Comment aussi il avait su créer en 2001 une sœur jumelle, ABMB – Art Basel Miami Beach –, par-delà toutes les tribulations des événements du 11 Septembre.

Globe trotter sur la planète art

S’il a profité par suite d’une conjoncture économique particulièrement favorable pour développer Art Basel, c’est aussi parce qu’il a su judicieusement la transformer en multipliant les modes opératoires périphériques. Art Unlimited, Artist Record, Art Film, Public Art Projects, Art Premiere, Art on Stage, Art Basel Conversations : chaque année, ou presque, Keller n’a cessé de créer de nouveaux événements. C’est dire si l’homme est en flux tendu permanent, avide d’actions innovantes et qualifiantes. Ce soin n’a pas échappé à Ernst Beyeler dont on sait que le leitmotiv est le mot de « qualité ».
Et puis quoi ? On ne dirige pas pendant sept ans une institution comme la Foire de Bâle sans se constituer l’un des carnets les plus fournis qui soient en noms de toutes sortes. Samuel Keller est homme de relations : tout ce que le monde de l’art compte d’artistes, de collectionneurs, de directeurs de musées, de conservateurs, de commissaires d’expositions et de critiques d’art de renom, il les a rencontrés au moins une fois. Il les connaît parfois bien et ils le connaissent tous. Keller est un infatigable voyageur : un jour, il est à Miami ; un autre, à New York ; le lendemain, il est à Berlin ; le surlendemain, à Londres, etc. Trépidante, sa vie est celle des aéroports et des gares, des hôtels et des musées, des foires et des ateliers d’artistes. À se demander s’il n’a pas le don d’ubiquité ou s’il n’a pas la tête qui tourne.

À la barre de la fondation Beyeler depuis le printemps 2008, Samuel Keller a aujourd’hui un port d’attache – du moins est-il le capitaine d’un navire solidement ancré à la lisière de Bâle – et il tient bon la barre. Il s’y dit même « comme un poisson dans l’eau », faisant bénéficier la fondation de toutes ses connaissances et de son image – il occupe la onzième place du classement des cent acteurs les plus influents du monde de l’art selon le magazine Art Review. Après « La Magie des images » ce printemps et la grande exposition « Giacometti » cet été [lire p. 82], Samuel Keller se réjouit d’accueillir Jenny Holzer en fin d’année. Un maillage de propositions qui marque le souci d’une programmation de qualité, éclectique et prospective. 

Biographie

1966
Histoire de l’art et philosophie à l’université de Bâle.

1994
Attaché de presse de la Foire de Bâle (Art Basel).

2000
Vice-directeur, il devient directeur de la Foire de Bâle.

2009
Directeur de la Fondation Beyeler depuis 2008.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°616 du 1 septembre 2009, avec le titre suivant : Samuel Keller

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