Tout de blanc vêtu, Roman opalka est debout devant sa toile, toujours la même dimension, 190 x 135 cm, un pinceau n° 0 en main.
Voilà quarante-cinq ans exactement que Roman Opalka, d’origine polonaise, né en 1931, a entamé une aventure picturale inouïe : celle de peindre l’ensemble des nombres entiers naturels. Un projet d’œuvre conçu comme un projet de vie. Il ne dit pas peindre, il dit sculpter le temps, mais c’est le temps qui le sculpte, lui, l’artiste. Il suffit de voir l’interminable série d’autoportraits photographiques qu’il exécute à la fin de chaque séance de travail. Toujours pris de face et en buste. Le temps y est aussi à l’œuvre. Inexorablement.
Au fil de celui-ci, le peintre a apporté à son concept un changement radical. Alors qu’en 1965, quand il a commencé, Opalka peignait en blanc sur fond noir, à partir de 1972, il a décidé d’y ajouter 1 % de blanc d’une toile à l’autre. Il en est parvenu aujourd’hui à un tel degré de blancheur que le regard du quidam n’y voit qu’un seul champ uniformément immaculé. À première vue, seulement. En revanche, s’il s’attarde, il entre lentement dans la peinture, outrepasse toute question matérielle et débouche dans le sublime. En route vers 6 000 000, Roman Opalka enregistre aussi sa voix énonçant en polonais chaque nombre qu’il peint. Une œuvre d’art totale à multiples dimensions.
1931 Naissance à Hocquincourt en France, de parents polonais.
1940 Opalka est déporté avec sa famille.
1956 Diplômé de l’Académie des Beaux-arts de Varsovie.
1965 Débute Opalka 1965 - ∞.
1995 Représente la Pologne à la Biennale de Venise.
2009 Nommé commandeur des Arts et des Lettres à Paris.
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Roman Opalka - Vers le blanc absolu
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Abonnez-vous dès 1 €Roman Opalka est représenté par la galerie Yvon Lambert, Paris et New York.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°629 du 1 novembre 2010, avec le titre suivant : Roman Opalka - Vers le blanc absolu