Ceux que la paganisation de Noël irrite pourront à cette occasion retourner aux sources de l’art chrétien, grâce à une somme consacrée à l’art paléochrétien, de ses premières manifestations au IIIe siècle à l’apogée byzantin du VIIIe siècle, dans tout le bassin méditerranéen. Une lecture qui pourra être complétée par une plongée dans Le monde roman.
Une grande synthèse récente en français manquait sur l’art paléochrétien. C’est aujourd’hui chose faite grâce à cette somme très richement illustrée. De Jérusalem à Rome, puis à Byzance, l’ouvrage couvre une vaste période qui s’étend de l’aube de l’art chrétien au IIIe siècle, quand tombe “telle une feuille morte” l’interdit pesant sur la représentation, au VIIIe siècle. En quelques centaines d’années, il passe de la confidentialité de la domus ecclesiae, dont celle de Doura Europos en Syrie reste le plus bel exemple, à la splendeur monumentale de la basilique Sainte-Sophie de Constantinople.
Les auteurs se sont attachés à restituer l’importance du contexte intellectuel et théologique, sans lequel ne peuvent s’apprécier les mutations fondamentales que sont l’avènement des images ou le développement d’une architecture caractéristique, fortement influencée par la liturgie. D’abord confiné au contexte funéraire (catacombes et sarcophages) ou domestique (la domus ecclesiae), l’art chrétien s’affirme notamment dans sa dimension monumentale grâce à l’édit de Milan, en 313, par lequel l’empereur Constantin accorde la liberté de religion, et plus encore après l’instauration du christianisme comme religion unique par Théodose. Même l’urbanisme auquel sont consacrés d’intéressants développements, nourris par des recherches récentes, voit s’affirmer une véritable topographie chrétienne.
Servi par une iconographie abondante et de belle qualité pour les planches en couleur, à laquelle s’ajoutent de nombreux plans, cet ouvrage offre un très large panorama du premier art chrétien, emmenant le lecteur jusque dans des contrées reculées d’Arménie, de Bulgarie, de Tunisie ou de Syrie, où subsistent d’importants vestiges préservés par leur isolement et souvent méconnus. Une référence.
Les mêmes éditeurs consacrent un ouvrage à l’art roman qui, quelques siècles plus tard, constituera un nouvel apogée. Le monde roman n’est en aucun cas une synthèse sur ce vaste sujet, mais plutôt une réflexion iconographique et formelle sur la représentation, et plus particulièrement la peinture. Les fresques occupent de ce fait une large place dans l’illustration.
- Maria Antonietta Crippa et Mahmoud Zibawi, L’art paléochrétien, Zodiaque/Desclée de Brouwer, 500 p., 650 F. ISBN 2-7369-0247-5 et 2-220-043320. - Joan Sureda et Emma Liaño, Le monde roman, premier langage de l’Europe, Zodiaque/Desclée de Brouwer, 328 p, 450 F. ISBN 2-7369-0246-7 et 2-220-04331-2.
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Retour aux sources de l’art chrétien
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°72 du 4 décembre 1998, avec le titre suivant : Retour aux sources de l’art chrétien