Coup double à l’Ensba (École nationale supérieure des beaux-arts, à Paris) qui fait un retour vers le XIXe siècle en restaurant la salle de lecture de sa bibliothèque, et crée en même temps une médiathèque.
PARIS - En 1864, Félix Duban, architecte du Palais des Études, avait converti la galerie principale du premier étage du bâtiment, quai Malaquais, en salle de bibliothèque. Il crée un décor à la fois sobre et majestueux. Les rayonnages, classiques, en chêne, sont conçus pour abriter les grands ouvrages iconographiques in-folio. Il dessine des vitrines pour présenter les collections de médailles, et rend hommage aux vénérables professeurs de l’École en présentant leurs bustes sur des socles. Dans les parties hautes de la salle, trônent des morceaux de réception à l’Académie royale de peinture, mis en dépôt à l’École par le Musée du Louvre.
Au fil des années, la bibliothèque étouffe sous les livres et les documents. Il faut sacrifier les fameux bustes pour loger des recueils d’estampes. Il faut aménager des rayonnages supplémentaires, tandis qu’un éclairage au gaz et un chauffage au charbon assombrissent le décor des murs, rouge pompéien, blanc et or.
Le classement du lieu en 1973 entraîne une première rénovation, qui porte sur une remise en état des planchers, une restauration des couleurs d’origine des murs, l’installation d’un système de détection contre le vol… À cette occasion, cinq des treize lustres d’origine sont retrouvés dans les combles du Palais et réinstallés…
La seconde campagne de restauration, qui vient de s’achever, a voulu "recréer la simplicité du décor conçu par Félix Duban et réorganiser la bibliothèque en libre accès", explique Annie Jacques, conservateur en chef du patrimoine, chargée des collections de l’Ensba. Les ajouts architecturaux ont été supprimés, les casiers ont été adaptés aux petits formats actuels, les galeries hautes ont été complétées par des escaliers dessinés sur le modèle de Duban. Enfin, les bustes des professeurs ont retrouvé leur digne place. Seule dérogation : les vitrines des médailles ont été transformées en pupitres de consultation.
Les travaux ont coûté deux millions de francs, financés intégralement sur le budget de fonctionnement de l’Ensba. À partir d’octobre, la bibliothèque offrira cinquante places assises et plus de 25 000 ouvrage en libre accès. Plus de 200 mètres linéaires de rayonnages sont laissés disponibles pour permettre la poursuite d’achats. Dans ce but, l’Ensba vient de recevoir le concours de la société des Amis de Stratis Andreadis, juriste et banquier grec. Celle-ci, qui ne peut plus être mécène de l’École des beaux-arts de la Ville de Paris, projet désormais annulé, va apporter 3 millions de francs à l’Ensba pour lui permettre d’acheter des ouvrages, à raison de 500 000 francs par an, sur six ans.
Au total, l’Ensba dispose d’un fonds de plus de 180 000 volumes et de 200 000 œuvres et documents iconographiques anciens du XVIe au XIXe siècle. Sa participation à la future Bibliothèque des arts, rue de Richelieu, devrait permettre d’offrir une meilleure conservation de ce fonds.
Quant à la médiathèque, elle s’ouvre dans un lieu attenant à la salle de lecture. Elle permettra aux étudiants d’avoir accès aux vidéos, aux diapositives, et aux nouvelles technologies (supports numériques, réseaux, banques de données…).
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Restauration de la bibliothèque et création d’une médiathèque
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°3 du 1 mai 1994, avec le titre suivant : Restauration de la bibliothèque et création d’une médiathèque