Désormais consacré à la photographie, novembre voit se multiplier les manifestations comme le Mois de la Photo à Paris, et Paris Photo (lire notre Vernissage). À cette occasion, le JdA dédie sa rubrique « métiers » à celui qui a la charge d’en pérenniser la trace : le restaurateur de photographies.
Réparer les outrages du temps – pliures, cassures, et salissures – tout en respectant l’intégrité du médium et son histoire sont les objectifs majeurs de cette profession. Si quelques écoles proposent une approche générale du métier de restaurateur, une seule formation offre une véritable spécialisation dans le domaine de la photographie : l’Ifroa (Institut de formation des restaurateurs d’œuvres d’art). Intégré à l’École nationale du patrimoine depuis 1996, cet établissement dispense un enseignement de quatre ans durant lesquels les futurs restaurateurs acquièrent des compétences techniques et pratiques. Accessible sur concours, l’institut propose aux candidats huit spécialités : arts du feu, arts graphiques, arts du métal, arts du textile, mobilier, peinture, sculpture et photographie. Annabelle Simon, restauratrice de photographies et ancienne élève de l’Ifroa nous confie les raisons de son choix : “Après avoir obtenu un baccalauréat littéraire, et un Deug d’histoire de l’art à Rennes, j’ai choisi de m’orienter vers un métier qui allie habileté manuelle et connaissances scientifiques. Je faisais déjà à l’époque beaucoup de photographies, la décision s’est donc prise naturellement. Le principal écueil résidait dans la difficulté du concours.” En effet, si plus de deux cents candidats tentent leur chance chaque année, seule une quinzaine d’étudiants, toutes disciplines confondues, intègrent l’école. Coiffée d’une aura médiatique indéniable, la peinture demeure la spécialité la plus convoitée et par conséquent la plus concurrencée. La moitié des prétendants au concours choisissent en effet cette filière.
Toutefois la répartition au sein de chaque discipline n’obéit pas à un quota prédéterminé mais varie en fonction du niveau des postulants. Faute de demandes ou de candidats suffisamment brillants, certaines sections comme les arts du feu ou du métal demeurent non pourvues certaines années. Aucune préparation n’est actuellement habilitée à préparer ce concours tant le profil des candidats diffère au sein d’une même spécialité. “Je n’ai suivi aucune préparation spécifique mais j’ai effectué de nombreux stages afin de découvrir les techniques anciennes de tirage photographique. Chaque étudiant doit compléter sa formation initiale : la physique-chimie pour les littéraires, le sens artistique et la théorie pour les scientifiques”, explique Annabelle Simon. Le nombre étonnamment restreint de restaurateurs arrivant chaque année sur le marché du travail garantit quasiment cette profession de tout risque de chômage. Au terme de leurs études, ils choisissent en majorité de s’installer à leur compte et optent pour un statut libéral. Conséquences des contacts pris pendant la formation, les premières commandes ne se font généralement pas attendre. Mais créer son propre atelier nécessite au départ une mise de fonds importante (acquisition de matériels sophistiqués et charges diverses) qui contraint souvent les nouveaux venus à contracter un emprunt et rend ainsi leur installation précaire. “Il faut savoir se contenter de 4 à 5 000 francs nets par mois les trois premières années avant de pouvoir atteindre un seuil de 7 000 francs aujourd’hui. Beaucoup d’entre nous décident alors de se grouper au sein d’ateliers communs en alliant intelligemment leurs différentes spécialités”, poursuit Annabelle Simon. Originaire de Bretagne, celle-ci souligne la concentration géographique de la profession dans la région parisienne et justifie sa décision de s’établir à Bures-sur-Yvette (91) : “Mes clients résident généralement à Paris, et n’aiment pas l’idée de faire voyager leurs œuvres même avec une bonne assurance ! La solution intermédiaire serait de s’installer dans une région frontalière et d’élargir ainsi sa clientèle.” Très recherchés par les institutions étrangères, quelques-uns s’établissent avec succès à l’étranger à la suite de stages effectués pendant leurs études. L’absence de reconnaissance du titre de restaurateur demeure néanmoins un handicap majeur à la valorisation du statut de la profession.
- Ifroa, Institut de formation des restaurateurs d’œuvres d’art, 150 avenue du Président-Wilson, 93210 La Plaine Saint-Denis. Tél. 01 49 46 57 00. Les 17 et 18 mai 2001 auront lieu les journées professionnelles pendant lesquelles les ateliers seront ouverts au public.
- Université de Paris-I – Centre universitaire Pierre-Mendès-France – UFR d’histoire de l’art, 90 rue de Tolbiac, 75013 Paris. Tél. 01 45 83 33 57. Établissement qui délivre une maîtrise des sciences et techniques “Conservation et restauration des biens culturels�? et un DESS “Conservation préventive des biens culturels�?.
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Restaurateur de photographie
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°114 du 3 novembre 2000, avec le titre suivant : Restaurateur de photographie