Qui a dit que l’avenir était écrit dans les astres ? Rien dans les étoiles ne laissait présager le massacre de Guernica, un 26 avril 1937. L’innocence du ciel reflétait celle de ce village bombarbé le jour suivant, et qui serait resté dans l’anonymat d’une longue liste de massacres civils si Picasso ne l’avait peint. Renaud Auguste-Dormeuil, agitateur politique du monde de l’art, s’est plongé dans cette histoire mais d’un point de vue inhabituel, celui d’en haut, le point de vue omniscient du satellite, le contrôle absolu, en recréant grâce à un logiciel la cartographie du ciel d’un jour passé. Du côté militaire, tout est déjà écrit ; l’attaque planifiée, il n’y a plus rien à faire. Chez les civils, ceux qui ne savent pas, rien n’est à craindre par cette nuit d’avril où les astres auraient eu cette position. Le jour d’avant, où tout est encore possible, est celui qu’a retenu Auguste-Dormeuil, une nuit semblable à toutes les autres finalement. Un ciel étoilé à l’image de ceux impeccables de Thomas Ruff, mais un ciel d’histoire, sorti tragiquement de l’anonymat. Dans la Rome antique les futurs généraux devaient se repérer grâce à des configurations astrales recréées avec des bougies, aujourd’hui les stratégies militaires passent invariablement par le contrôle aérien. Guernica mais aussi Bagdad, Dresde, Hiroshima, Nagasaki, Caen, Londres et New York sont autant de cartes des sacrifices humains provoqués par la décision d’une poignée d’individus. Mais le jour d’avant, tout n’était que poésie et romance.
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Renaud Auguste-Dormeuil
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°559 du 1 juin 2004, avec le titre suivant : Renaud Auguste-Dormeuil