MARSEILLE
Simples voleurs pour l'accusation, militants politiques soucieux de dénoncer le « pillage » culturel de l'Afrique pour leurs avocats, trois hommes et une femme jugés pour le vol d'une lance au musée des arts africains, océaniens et amérindiens de Marseille ont été relaxés mardi.
Le 30 juillet ils s'étaient emparés d'une lance cérémonielle et l'avait emmenée dans la cour du musée de la Vieille Charité. La scène avait été filmée et transmise en direct sur les réseaux sociaux, accompagnée de commentaires sur « les viols et les crimes commis pour que cet objet se retrouve dans ce musée ». « Ce n'était pas une action pour voler mais une action militante pour dénoncer le pillage du patrimoine cultuel et culturel africain par l'Etat français et les musées », a déclaré l'un des quatre prévenus : « Un voleur ne se filme pas en attendant la police ».
Condamné en octobre à 1 000 euros d'amende pour avoir tenté de s'emparer d'un poteau funéraire d'origine tchadienne au musée parisien du Quai Branly, condamnation dont il a fait appel, le leader de ce mouvement, l'activiste congolais Emery Diyabanza a utilisé la barre du tribunal correctionnel de Marseille comme tribune pour le « Front multiculturel anti-spoliation ».
« La place de cette œuvre sacrée n'est pas dans ce musée », a-t-il expliqué, soulignant que les policiers avaient immédiatement mesuré le caractère politique de leur « happening » : « Nous voulions toucher l'opinion publique, soulever une chape de silence qui étouffe la tragédie des peuples d'Afrique. »
Le procureur Nicolas Ruby avait requis des peines allant de quatre mois de prison avec sursis à huit mois ferme : « Ces faits doivent être sanctionnés non pas comme une action politique mais comme une infraction pénale. Si la justice ne marque pas le coup, on verra les Italiens aller au Louvre décrocher Les Noces de Cana ou des Egyptiens repartir avec des sarcophages », a-t-il expliqué.
Les avocats des quatre prévenus avaient plaidé la relaxe, le vol n'étant selon eux pas caractérisé, faute d'élément intentionnel. Rappelant les promesses d'Emmanuel Macron à Ouagadougou en 2017 sur de futures restitutions culturelles, Me Olivia Betoe Bi Evie a souligné que « l'intention de soustraire frauduleusement nécessite une volonté d'agir dans l'ombre. Or là vous avez des personnes qui entrent dans un musée, se filment et transmettent sur les réseaux sociaux. »
Son confrère Me Mbeko Tabula a qualifié les quatre prévenus de « lanceurs d'alerte qui dénoncent les pillages imposés aux différents continents non européens. »
Le parquet de Marseille a annoncé son intention de faire appel.
Cet article a été publié par l'AFP le 17 novembre 2020.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Relaxe pour des militants dénonçant le « pillage » culturel de l'Afrique
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €