Avant même que sa première pierre ne soit posée, la future ambassade de France à Berlin suscite des discussions des deux côtés du Rhin. La décision du jury en faveur du projet – non conforme – de Christian de Portzamparc est contestée.
PARIS. Le Quai d’Orsay avait retenu sept architectes – MM. Berger, Faloci, Gaudin, Michelin et Geipel, Nouvel, Perrault, Portzamparc – dans le concours pour l’ambassade de France à Berlin, un bâtiment de près de 20 000 m2 devant être inauguré en 2001 sur la Pariser Platz. Le chantier est évalué à 250 millions de francs. Le jury, composé de cinq hauts fonctionnaires, trois architectes et un ancien membre d’une commission sénatoriale pour l’Urbanisme et l’Environnement de Berlin, a recommandé à Hervé de Charette, alors ministre des Affaires étrangères, le projet de Christian de Portzamparc en dépit de sa non-conformité au règlement d’urbanisme, comme l’avait relevé la commission technique. Après sa nomination, l’architecte s’est engagé à revoir la façade donnant sur la célèbre place Aucun des architectes membres du jury n’aurait voté pour ce projet. Du reste, lors de la présentation du lauréat le 22 mai, M. de Charette a ironisé en déclarant que "les diplomates peuvent peut-être mieux juger de la construction d’une ambassade qu’un architecte". Le jury a décerné deux mentions à Jean Nouvel et Henri Gaudin. Le 28 mai, le quotidien allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung écrivait noir sur blanc ce que le milieu de l’architecture murmurait : le jury aurait eu "une forte préférence pour la proposition plus originale de Nouvel et pour l’emboîtement plein d’artifices des espaces de Gaudin. Une fois de plus, il y a une rumeur. Il s’agirait d’une décision prise d’avance à caractère politique". Jean Nouvel est déjà en conflit avec l’État. Il a intenté un procès après son éviction dans le concours du Grand Stade. Henri Gaudin est sorti de sa réserve pour écrire au directeur de l’Architecture, François Barré (membre du jury), et rappeler quelques évidences appartement oubliées : "Un jury n’a pas à spéculer sur une idée à venir mais sur celle qui est matérialisée." "Il n’appartient pas à celui qui édicte impérativement les prescriptions du cahier des charges de faire comme si elles étaient sans valeur". Le public pourra se faire une opinion puisque l’ensemble des sept projets doit être exposé fin septembre à l’Institut français d’architecture.
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À quoi servent les jurys ?
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°41 du 4 juillet 1997, avec le titre suivant : À quoi servent les jurys ?