UKRAINE
La destruction du barrage de Kakhovka par les forces russes a causé des dommages aux sites patrimoniaux ukrainiens.
Ukraine. Après la destruction du barrage de Kakhovka le 6 juin dernier, plusieurs sites archéologiques et lieux culturels se sont retrouvés sous les eaux dans la région de Kherson et Mykolaiv. Par endroits, le niveau de l’eau a atteint cinq mètres, recouvrant des villages entiers. Dans la région de Kherson, les autorités rapportent que « des artefacts historiques qui se trouvaient dans des tumuli inexplorés ont été emportés le long des rivières et sur la côte de la mer Noire ». Comme le note le think-tank Ukrainian Institute, les deux régions comptent de nombreux sites antiques et médiévaux. La forteresse de Tyahin (XIVe-XVIIe siècles), les sites grecs de Yahorlytske et Poniativske (IXe siècle avant J.-C.), le site antique de Mikailovska (IIe-Ve siècles après J.-C.) ont été partiellement inondés. L’Ukrainian Institute ajoute aux sites menacés certains quartiers de Nova Kakhovka, la ville du barrage détruit : plusieurs bâtiments classés sont menacés de destruction par les eaux, alors qu’ils arborent sur leurs façades des frises sculptées typiques de la région (appelées « vyshyvankas ») en cours de restauration. Les autorités locales ont annoncé dès le 6 juin au soir que le palais de la culture de la ville [voir ill.], un bâtiment néoclassique, était submergé.
L’appel des autorités à ne pas toucher aux vestiges
Ces destructions dans un contexte de guerre et de désorganisation des infrastructures ouvrent la voie aux fouilles clandestines. Les autorités de Kherson ont ainsi appelé la population à ne pas toucher aux vestiges emportés par les eaux, et « à les signaler au Musée régional d’histoire de Kherson ». Celui-ci est situé en limite de la zone inondée, mais ne serait pas menacé selon des sources locales. Ces fouilles illégales touchent aussi des lieux en amont du barrage, où plusieurs sites de l’époque Cosaque ont été mis à nu par la vidange des eaux de retenue. Plusieurs témoins ont rapporté des fouilles dans cette zone, une information confirmée par la direction de la réserve naturelle de Khortytsia. Celle-ci compte plusieurs sites historiques de la Seconde Guerre mondiale prisés des détectoristes, un terrain dangereux en raison de la présence d’obus. Là encore, les autorités incitent les habitants à signaler ces fouilles sauvages, d’autant que des restes humains ont commencé à faire surface le long des rives du Dnipro, sans doute des restes de soldats tués à la bataille de Nikopol, en 1943.
Enfin, l’historienne de l’art, Oksana Semenik, a alerté les médias sur la submersion du musée local de la ville d’Oleshky consacré à la peintre d’art naïf Polina Rayko. Très connue en Ukraine pour ses peintures murales, elle s’est surtout exprimée sur les murs de sa maison devenue un musée après son décès, d’où l’inquiétude entourant le sort du bâtiment. Oksana Semenik précise que, d’après des témoins, le rez-de-chaussée et le premier étage seraient inondés, laissant craindre la destruction des fresques de l’artiste. Comme plusieurs autres lieux culturels, ce musée est dans une zone sous contrôle de l’armée russe et les informations restent à être confirmées.
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Premier bilan des sites inondés en Ukraine
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°614 du 23 juin 2023, avec le titre suivant : Premier bilan des sites inondés en Ukraine