NEW YORK / ÉTATS-UNIS
Le musée new-yorkais a changé sur leurs cartels la nationalité de trois peintres jusqu’alors considérés comme étant russes.
Le Metropolitan Museum of Art de New York a accepté de modifier le cartel d'au moins trois artistes auparavant étiquetés comme russes. Ces peintres sont désormais considérés comme ukrainiens, et le cartel de l'une de leurs œuvres mentionne désormais la destruction de biens culturels dans le pays par les troupes russes. Les trois artistes - Ivan Aïvazovski, Arkhip Kouïndji et Ilya Répine - étaient actifs au XIXe siècle. Ils ont été considérés comme russes ou ukrainiens, selon leurs déplacements au cours de leur carrière et du redécoupage des frontières entre les deux pays.
Arkhip Kouïndji, par exemple, est né dans l’Ouïezd de Marioupol dans le gouvernorat d’Ekaterinoslav, une subdivision de l'Empire russe qui correspond aujourd'hui à la région de Marioupol en Ukraine. Des voix se sont élevées pour le considérer comme ukrainien. Le compte Twitter Ukrainian Art History, dirigé par l'historienne de l'art Oksana Semenik, a été particulièrement actif à cet égard. Fin janvier, le compte a publié un fil de discussion sur les raisons pour lesquelles Kouïndji est un artiste ukrainien. « Tous ses célèbres paysages concernaient l'Ukraine, le Dniepr et les steppes, mais aussi le peuple ukrainien » peut-on y lire. Il se termine par une référence au Coucher de soleil rouge (1905-08) de Kouïndji, qui montre un coucher de soleil flamboyant sur la rivière Dniepr en Ukraine, et note que le Met de l'époque le présentait comme russe. Aujourd'hui, le Met qualifie Kouïndji d'ukrainien et une nouvelle phrase a été ajoutée au cartel de Coucher de soleil rouge qui indique qu’ « en mars 2022, le musée d'art Kouïndji de Marioupol en Ukraine, a été détruit par une frappe aérienne russe ». Pour autant les choses ne sont pas aussi simples, Kouïndji est né dans une famille grecque de Crimée.
Ilya Répine, qui est né dans la ville de Tchouhouïv, aujourd’hui en Ukraine, est maintenant étiqueté comme un artiste ukrainien par le Met, tout comme Aïvazovski, qui est né à Théodosie en Crimée quand celle-ci faisait partie de l'Empire russe. L'Ukraine a par ailleurs déclaré que des œuvres du peintre ont été pillées par les troupes russes dans le conflit actuel.
Après l'occupation russe de la Crimée en 2014, la Russie et l'Ukraine avaient déjà toutes deux revendiqué Ivan Aïvazovski comme l'un des leurs. Pourtant beaucoup ont continué à considérer Aïvazovski comme Russe à l'époque. Rattaché au mouvement romantique, maître de la peinture de marine et qualifié de « génie » par Turner, Aïvazovski est né dans une famille arménienne, ce qui fait qu’il est également revendiqué par l’Arménie.
La guerre en Ukraine a poussé certaines institutions à reconsidérer la façon dont les œuvres d'art traitant de l'héritage russe et ukrainien doivent être traitées. La National Gallery de Londres a ainsi modifié le cartel d'un tableau d'Edgar Degas datant d'environ 1899, anciennement intitulé Danseuses russes, en l'intitulant désormais Danseuses ukrainiennes. Le musée possède cependant un autre dessin de Degas qui porte toujours le titre de Danseuse russe.
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Pour le MET, ces trois peintres « russes » sont ukrainiens
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