Portzamparc très urbain

Il a remporté la consultation Seine-Rive Gauche

Le Journal des Arts

Le 1 décembre 1995 - 418 mots

L’équipe de Christian de Portzamparc a remporté la consultation pour le quartier Masséna-Grands Moulins de la Zac Seine-Rive Gauche. Seule proposition (parmi celles de Bernard Huet, Roland Castro, Olivier Girard et Laurent Israël, Jérome Treuttel et Jean-Claude Garcias) revendiquant la mise en œuvre méthodique d’une doctrine urbaine novatrice, elle ouvre la voie à une expérimentation ambitieuse de ce qui pourrait bien devenir un modèle pour le Paris de demain.

PARIS - La Sémapa (Société d’économie mixte d’aménagement de la Ville de Paris, chargée de la mise en œuvre du projet Seine-Rive Gauche) avait à cœur de corriger la mauvaise impression laissée par la consultation de 1993 pour l’aménagement des abords de la gare d’Austerlitz. Cette fois, à l’issue d’une véritable compétition, un véritable lauréat a été désigné, qui plus est délibérément novateur : Christian de Portzamparc, récent Pritzker Price et auteur notamment de la Cité de la musique à La Villette.

Son projet ambitionne de mettre en œuvre la doctrine – dite des "trois âges" – qu’il défend depuis quelques années déjà, selon laquelle il revient à notre époque d’inventer un urbanisme qui fasse la synthèse des deux grandes époques urbanistiques précédentes, la période "classique" et son système d’îlots fermés, et la période "moderne" pendant laquelle a prévalu une logique de grands objets autonomes (les "tours" et les "barres"). La recherche d’une forme urbaine "qui réponde à notre culture contemporaine" aboutit à une volumétrie fragmentée, aérée, qui s’oppose à la morphologie des barres et des tours, aussi bien qu’au manque de lumière des îlots mitoyens traditionnels.

Ce projet de nouveau quartier, véritable mosaïque de ville, se développe en pente régulière, sans décrochage de relief, afin de rejoindre l’avenue construite en surhauteur au-dessus des voies ferrées de la gare d’Austerlitz. Sa silhouette fragmentée tranche sur les quartiers environnants. Un urbanisme de rues croisées est établi selon une maille orthogonale composée de six rues rectilignes entre la Seine et l’avenue, et de deux rues parallèles à la Seine.

De largeur réduite (dix à seize mètres), elles sont éclairées et agrandies visuellement par le principe des îlots ouverts qui les bordent. Pour l’heure, le projet ne présente volontairement pas de plan-masse mais suggère une "simulation" de plan-masse à partir d’une "règle du jeu ouverte".
 
Il souhaite également inaugurer un nouveau type d’intervention urbaine, qui repose sur un modèle réglementaire appliqué à l’îlot et non à la parcelle. Une telle volonté engage nécessairement tous ses acteurs (hommes de l’art, politiques, administratifs…) sur les chemins vierges et méconnus d’une authentique création urbaine.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°20 du 1 décembre 1995, avec le titre suivant : Portzamparc très urbain

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