ROCHEFORT - L’écrivain-voyageur Pierre Loti (1850-1923) aimait à convier le Tout-Paris dans sa demeure familiale rochefortaise, réaménagée au gré de ses délires orientalistes et historisants.
Devenue musée municipal en 1973, la maison a vu exploser son nombre de visiteurs, aux dépens des planchers de la salle à manger gothico-Renaissance. Malgré la limitation de la fréquentation à 20 000 visiteurs en 2011 grâce à une stricte gestion des visites guidées, la fermeture est décidée pour le 30 septembre 2012 afin de renforcer la structure du bâti – qui s’enfonce dans la vase solidifiée du marais – et de lancer un vaste chantier de restauration amorcé avec les textiles en janvier dernier.
Après une étude portant sur 300 des 10 000 artefacts (peintures, textiles, photographies, documents graphiques, objets ethnographiques…) qui constituent les collections du musée, le cabinet Futur Antérieur avait relevé en 2010 un état de conservation « alarmant », pointant du doigt l’action dévastatrice d’insectes xylophages, de la lumière du jour et d’un environnement climatique instable. Une fois restaurés, les objets seront remis à leur place dans des salles à l’hygrométrie régulée grâce à l’ajout de locaux techniques. Les décors de la maison ayant subi des dégradations irréversibles (tentures, tapisseries) devraient être remplacés par des fac-similés.
Budget de 10 millions d’euros
Une partie des œuvres a déjà été décrochée par les élèves de la section restauration de l’Institut national du patrimoine au cours de l’été 2011. Placées dans des réserves à l’extérieur, leur sommeil sera entrecoupé de périodes d’exposition à l’hôtel Hèbre de Saint-Clément, Musée historique de Rochefort ou au Quai Branly, à Paris, en 2014. Ces travaux devraient mener à la réouverture au public de six salles démontées par le fils de l’écrivain, mais dont des photos attestent la place de certains objets et d’un nouvel espace muséographique dans la maison mitoyenne que la Ville vient d’acquérir. Selon les prévisions de Claude Stéfani, conservateur du lieu, le chantier devrait s’étaler sur « huit ou dix ans » et nécessiter 10 millions d’euros. Classée monument historique en 1990 et labellisée Musée de France en 2002, la maison Pierre Loti espère croiser différentes sources de financement. Son projet de rénovation fait notamment l’objet d’une inscription au plan musées en région lancé en 2010. En 2012, plus de 80 % des crédits ont déjà été mobilisés. « Nous espérions un plan musée en région 2 mais ça ne risque pas de voir le jour de sitôt », déclare Claude Stéfani, qui, en ces temps de glaciation budgétaire, regarde du côté du mécénat.
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Pierre Loti en sommeil
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°376 du 5 octobre 2012, avec le titre suivant : Pierre Loti en sommeil