Vingt ans après la dissolution du comité Picasso, les héritiers de l’artiste décident d’agir d’une seule voix.
PARIS - Claude Picasso, le deuxième fils du maître espagnol, était jusqu’alors l’administrateur judiciaire de l’indivision Picasso. Depuis le 12 septembre 2012, il est également « l’autorité désignée […] pour statuer sur les demandes d’authentification émanant du marché de l’art ». Une décision adoptée par quatre des ayants droit de Pablo Picasso, lesquels seront tous engagés désormais par l’avis de l’un d’entre eux délivré en leur nom. L’acte fondateur de cette structure familiale repose ainsi sur un mandat. Toutefois, aucune forme juridique particulière ne lui a été conférée.
Après la mort de Picasso en 1973, ses héritiers s’étaient réunis en un comité, agissant à la majorité. Ils étaient alors cinq : trois enfants naturels, Claude et sa sœur Paloma, nés de la relation hors mariage de l’artiste avec Françoise Gilot, et Maya, l’autre fille que ce dernier eut avec sa compagne Marie-Thérèse Walter, ainsi que deux petits-enfants, Marina et Bernard, les descendants de Paulo, son premier fils. Mais, en 1991, le comité Picasso disparaît, « parce que certains marchands furent à l’époque désireux d’introduire sur le marché des œuvres de provenance douteuse », justifie aujourd’hui Claude Andrieu, responsable juridique de la Picasso Administration, cette société créée par Claude en 1995 pour gérer les droits de l’artiste. Deux indivisaires, Claude et Maya, vont ensuite traiter individuellement les demandes d’authentification qui leur parviennent, « chacun avec ses moyens et le soutien des autres ».
Autorité fait loi ?
Cependant, face à l’apparition de multiples faux ces dernières années, « la succession Picasso a souhaité s’organiser professionnellement pour proposer une réponse plus structurée », explique Claudia Andrieu. C’est donc à la fois pour protéger l’œuvre de Picasso et pour réguler le marché de l’art que ses membres se sont à nouveau associés et entendent se doter d’une plus grande visibilité. Tous sauf Maya, qui n’a pas « encore » rejoint cette nouvelle organisation, dont le fonctionnement même « moins pesant et plus adapté » témoigne pourtant, selon la juriste, de la confiance qui unit les héritiers. Maya, âgée de 77 ans maintenant, traitait « avec passion » depuis longtemps plusieurs centaines de demandes annuelles. Mais, c’est Claude qui a été choisi pour représenter les autres et « sécuriser l’opinion ». En l’absence de droit de l’authentification, toute personne qui se considère compétente et qui est reconnue comme telle par le marché peut émettre un avis sur l’authenticité d’une œuvre. Dans une lettre circulaire destinée à ses opérateurs, les quatre indivisaires précisent qu’ils ne jugeront officielles que leurs seules authentifications. Seulement, leur lien de filiation suffit-il à faire des enfants de l’artiste de bons experts ? La question demeure posée. Claudia Andrieu, quant à elle, dit regretter, mais comprendre la récente annonce de dissolution des comités Andy Warhol et Keith Haring. « Toutes les fondations ne peuvent pas supporter les frais colossaux engendrés par des authentifications controversées ». La solution à cela pour les Picasso, c’est d’agir en amont.
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Picasso cultive l’authentique
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°376 du 5 octobre 2012, avec le titre suivant : Picasso cultive l’authentique