Après avoir été directeur du MAC, galeries contemporaines des Musées de Marseille, de 1994 à 1997, Philippe Vergne est depuis conservateur pour les arts plastiques au Walker Art Center de Minneapolis. Il nous expose son point de vue « de l’intérieur » sur la perception de l’art français aux États-Unis.
Le premier élément réside dans l’existence même de cette question de l’art hexagonal aux États-Unis, issue d’une réflexion franco-française. Ici, les artistes sont considérés en tant qu’artistes, avant d’être “artistes français”, “artistes péruviens”... D’autre part, le débat s’est déplacé depuis longtemps vers le multiculturalisme. La perception de l’international ne se joue pas dans un rapport Europe/Amérique, mais culture occidentale/culture non-occidentale. La France faisant partie du bloc occidental, elle ne pose donc pas particulièrement problème. Il existe ensuite des raisons économiques, liées au fonctionnement du marché de l’art, et des raisons structurelles : les musées français étant publics, leur fonctionnement semble parfois très nébuleux pour des partenaires internationaux. Mais ce n’est pas une généralité. Je ne sais pas si la présence de l’État en France nuit aux artistes, mais en tout cas, elle intrigue. La question serait plutôt : “Pourquoi l’État français pense-t-il qu’il peut être l’ami des artistes, quand l’art et l’artiste se doivent de ne pouvoir l’accepter ?” Certains tournent aux États-Unis, à l’exemple de Pierre Huyghe ou de Thomas Hirschhorn. En fait, il faudrait s’interroger sur leur succès et non sur le contraire, à savoir sur une hypothétique non-réception des Français à l’étranger. Je crois que la question est là : cesser de s’interroger de l’intérieur. Les Américains sont curieux, non arrogants et avides d’informations et d’artistes, mais pas de drapeaux.
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Philippe Vergne : « s’interroger sur le succès »
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°95 du 17 décembre 1999, avec le titre suivant : Philippe Vergne : « s’interroger sur le succès »