Les techniques de pointe qui révolutionnent l’étude de la peinture hollandaise seront à l’honneur à l’occasion de la grande exposition présentée au Metropolitan du 12 avril au 31 juillet, intitulée « Petrus Christus : Maître de la Renaissance à Bruges ».
NEW YORK - L’exposition Petrus Christus, qui réunit les deux tiers des œuvres connues de l’artiste, vingt et une peintures, des dessins, un manuscrit, ressemble à première vue à une traditionnelle exposition monographique. Elle présente en fait les résultats de recherches récentes effectuées grâce à des analyses en diffractomètrie à rayons X.
Le dessin joue un rôle essentiel dans la compréhension du processus de création car il est souvent plus personnel que la peinture, soutient Maryan Ainsworth, directrice des recherches techniques menées aux États-Unis sur l’art de la Renaissance dans le nord de l’Europe, et commissaire de l’exposition avec Laurence Kanter, conservatrice de la collection Lehman du Met. Dans le cas présent, l’essentiel des problèmes concernait les panneaux les moins bien conservés, ainsi que des œuvres dont on a toujours cru qu’elles avaient été commencées par Van Eyck et terminées par Christus. L’exposition révèle ainsi que le peintre n’a pas participé à la réalisation de la Madone à l’Enfant avec les Saints, du Musée Frick à New York, ni du Saint Jérôme du Musée de Détroit, tableaux qui restent donc attribués à l’école de Van Eyck.
La réputation du peintre a beaucoup souffert de la comparaison avec Van Eyck, dont on pense généralement qu’il aurait été le disciple. L’exposition met au contraire l’accent sur son originalité et son travail innovateur, destiné à la bourgeoisie éclairée de Bruges, alors que Van Eyck peignait pour la cour. Les recherches ont par ailleurs confirmé que l’artiste a d’abord été formé à la technique de l’enluminure, ce qui transparaît particulièrement dans la délicatesse avec laquelle il applique le blanc de céruse.
La dernière grande exposition flamande aux États-Unis remonte à 1960, avec le vaste panoramique présenté à Détroit. Maryan Ainsworth attribue cette longue absence aux problèmes de transport d’œuvres délicates plutôt qu’à un désintérêt du public, même si elle reconnaît que les universités américaines privilégient les XVIe et XVIIe siècles. Il faut donc saluer les risques pris par les propriétaires des nombreuses pièces qui ont fait le voyage jusqu’à New York. Seules les œuvres de grande taille n’ont pas été déplacées, ce qui explique la reproduction photographique, grandeur nature, de la Lamentation de Bruxelles. On sait maintenant que Christus est mort en 1475 ou 1476, et non pas en 1473 comme on l’a longtemps cru.
Le catalogue, qui opte pour une approche "technique et documentaire", précisent les commissaires, propose, en annexe, la liste complète des documents que l’on possède sur l’artiste, dont certains ont été retrouvés récemment.
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Petrus Christus
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°2 du 1 avril 1994, avec le titre suivant : Petrus Christus