Pépinières de galeries

Sans concurrencer encore Art Basel Miami Beach et sa quinzaine de foires off prévues en décembre, la Foire Internationale d’Art Contemporain (FIAC) voit ses greffes s’étoffer cette année. La surprise ne vient pas tant du nombre que de leur localisation. Après avoir été relancé en 2005 à la galerie Durand-Dessert, ArtistBook International s’inscrit cette fois au Centre Pompidou. Les terres publiques n’aiment pourtant guère que le négoce vienne y braconner ! « Nous ne sommes pas le premier salon à nous tenir à Beaubourg, précise Nathalie Amae, directrice de l’événement. Le Centre Pompidou sait bien que l’enjeu n’est pas commercial, mais qu’on souhaite donner une vitrine à une discipline et créer un nouveau public d’amateurs. » De leur côté, sauf contrordre, les Élysées de l’Art, qui rallient les galeries Carole Brimaud (Paris), Keitelman (Bruxelles) et Oniris (Rennes), auraient peut-être obtenu l’autorisation de planter leurs tentes le long des Champs Élysées (lire p. 44).
Pour sa part, Show Off mise toujours sur l’esprit d’équipe de ses fondateurs, les Parisiennes Magda Danysz, Les Filles du Calvaire et Vanessa Quang (1). Un trio qui tend les bras aux galeries de province avec l’arrivée de VF (Marseille) et Art Attitude (Nancy). Plombée par des locaux aussi exigus que labyrinthiques, la foire a pu annexer le théâtre de l’Espace Cardin pour y développer une programmation vidéo. Elle prend aussi les futurs collectionneurs au berceau, en organisant des ateliers pour enfants et des Apéros de la culture pour les étudiants.
Pour sa seconde édition, Slick voit grand en se déployant sur deux sites, entre la Belleviloise et le Carré de Baudouin, inauguré en juin dernier par la mairie du 20e arrondissement. Destinée aux toutes jeunes structures, comme les nouvelles recrues Paul Frèches (Paris) et Dukan&Hourdequin (Marseille), la foire a aussi intégré des enseignes avec plus de bouteille comme Jean-Luc & Takako Richard (Paris), galeries qu’on aurait davantage imaginées sur Show Off. Ces salons comptent bien prouver qu’une vie est possible en dehors de la FIAC. Même si toutes dépendent du dynamisme de la foire principale, comme les abeilles de leur reine. « Cette année, je n’ai pas postulé à la FIAC, car nos chiffres étaient l’an dernier de 35 à 40 % supérieurs à ceux de notre participation à la Porte de Versailles », déclare Jeff Gleich, de G-Module (Paris), exposant de Show Off. La librairie Florence Loewy (Paris) est l’une des rares à participer à la fois à la FIAC et à ArtistBook International. Son confrère Christophe Daviet-Théry estime pour sa part que « la FIAC n’est pas pour nous un lieu adapté, car les coûts de stands sont très élevés, alors que nous avons une économie différente avec des marges moins élevées que les galeries. » Une économie tellement distincte que cette foire a choisi de rester biennale.

(1) Le galeriste Eric Dupont expose sur Show Off mais ne fait plus partie du comité organisationnel.