L’enrichissement et la mise en valeur du patrimoine sont au cœur de ce classement thématique (14 critères). Il n’est donc pas étonnant que les musées parisiens les mieux dotés trustent les places d’honneur.
Les collections des musées interrogés se sont accrues en valeur de plus de 74 millions d’euros en 2005, dont la moitié pour le seul Louvre et 72 % pour les quatre premiers du classement. La taille et la notoriété favorisent les plus grands musées qui savent mieux attirer mécènes et donateurs. La loi sur le mécénat et son volet fiscal particulièrement avantageux pour les entreprises sont venus prendre le relais d’un argent public de plus en plus rare. L’enrichissement du patrimoine par mécénat représente aujourd’hui déjà 30 % du total. Les musées les plus prestigieux l’ont bien compris et ont intégré dans leurs équipes de communication des spécialistes chargés de courtiser les entreprises. Une profession en plein essor car on en compte 62, dont 18 pour le Louvre.
1 140 conservateurs veillent jalousement sur leurs collections et disposent d’un budget total de plus de 8 millions d’euros pour assurer la restauration des œuvres. C’est ici que l’on mesure le mieux la fracture muséale. Le tiers des musées n’ont qu’un seul scientifique, 30 musées n’en ont même aucun, alors que le Louvre compte 160 spécialistes et le Centre Pompidou 122. Mais est-ce le manque de personnel qui a empêché plus de la moitié des musées de procéder à un inventaire général de leurs collections, un exercice qui semble pourtant tellement indispensable ?
Les conservateurs s’initient lentement au travail collaboratif
Si l’institution peine à mettre en place des structures collaboratives en raison de l’éparpillement des sites, des effectifs réduits et de la très forte décentralisation des autorités de tutelle (plus de 70 % des musées dépendent de leur commune), on voit cependant poindre quelques initiatives. Ainsi, parmi les 820 expositions temporaires, 100 ont été coproduites et ont circulé en France ou à l’étranger. L’énergie et les coûts de production d’une exposition sont tels, en regard de la brièveté de la manifestation, que l’on s’étonne que cela ne soit pas la règle. C’est ce qu’ont bien compris les conservateurs de la Piscine (7e), de Céret (58e) et du musée Malraux du Havre (70e).
Les œuvres, elles, sont échangées depuis bien longtemps. Les musées ont prêté en 2005 près de 20 000 pièces alors qu’elles en ont reçu plus de 35 000. La différence s’explique sans doute par les prêts en provenance de l’étranger. Une balance muséale déficitaire bien étrange pour un pays qui détient vraisemblablement le record du monde des œuvres (inaliénables) dans les musées.
L’édition 2006 du palmarès des musées est la troisième d’un classement annuel réalisé avec Le Journal des Arts. Cette enquête a été effectuée du mois de mars à la fin du mois d’avril 2006, par questionnaire adressé par courrier aux conservateurs de 810 musées. Ces institutions – Musées des beaux-arts, arts décoratifs, sciences et techniques – ont été sélectionnés à partir de la base de données de la direction des musées de France (DMF). Plusieurs musées privés ont également été interrogés. Le croisement des réponses nous a permis de réaliser quatre classements, Accueil du public/Attrait-dynamisme/ Conservation/Rayonnement des musées implantés dans les villes de moins de 20 000 habitants. Les informations non communiquées par les musées n’ont pas été prises en compte et affectent donc la note globale. Les résultats reposent sur 60 critères d’évaluation, auxquels ont été attribués un coefficient de 1 à 3. Les réponses « oui/non » sont notées de 5 ou 10 points selon leur importance. Les questions ouvertes sont notées de 1 à 5 selon la méthode des pentiles. Cette méthode permet de rééquilibrer le rapport entre les grandes institutions et les petits musées.
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Patrimoine
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°582 du 1 juillet 2006, avec le titre suivant : Patrimoine