Une quinzaine de commandes sont initiées tous les ans par l’État et les collectivités. De Rennes à Nancy, une sélection des projets phares inaugurés au cours des années 2006-2007...
Lustre sensibleà l’opéra de Nancy
Tobias Rehberger, Coupole de l’Opéra de Nancy, projet en cours
Lancée dans le cadre des célébrations de « Nancy 2005, le temps des Lumières », cette commande est pilotée par la Délégation aux arts plastiques (DAP) et la DRAC Lorraine pour le compte de la Ville de Nancy. Tobias Rehberger a souhaité y réinterpréter l’idée de lustre. Son projet prévoit l’installation de toiles ovoïdes et colorées. Celles-ci doivent être tendues de façon décroissante au-dessus de la voûte plate de la salle. L’ensemble est conçu comme un dispositif lumineux qui évolue au gré de l’intensité sonore de la salle – grâce à des capteurs –, telle une vibration faisant écho à l’ambiance de l’opéra. Sa réalisation a pour l’heure été ajournée par la mairie.
Budget prévisionnel : 800 000 euros, dont État : 475 000 euros.
Parcours artistique participatif
Michel Blazy, Parcours artistique, réserve naturelle nationale des vallées de la Grand-Pierre et de Vitain (Loir-et-Cher), 2007.
La commande est née d’une initiative du Comité départemental de protection de la nature et de l’environnement, gestionnaire de cette réserve naturelle nationale, située près de Blois. Il s’agissait d’offrir aux visiteurs un outil d’interprétation consistant en un parcours artistique participatif. Celui-ci a été confié à Michel Blazy (lire p. 12), dont les installations prennent pour modèle le monde vivant. Le Jardin des plantes mortes en pots est conçu comme une nécropole végétale, témoignant de la fin de vie des plantes domestiques et de leur retour à l’état de nature. Au fil des sentiers, les visiteurs sont invités à déposer des matières organiques collectées lors de leur promenade sur les Tables à offrandes. Enfin, le Kit de repérage des restes est un livre d’artiste, dont les illustrations ont été confiées à Dominique Mansion, qui permet aux promeneurs de baliser l’emplacement des pollutions humaines, des restes végétaux et animaux.
Budget : 132 700 euros, dont État : 44 000 euros ; Fondation de France : 13 000 euros ; Conseil général du Loir-et-Cher : 35 000 euros ; Contrat d’agglomération Agglopolys / Conseil régional du Centre : 40 700 euros.
Une histoire en rhizome
Fabrice Hyber, L’artère, Le jardin des dessins, Parc de la Villette, Paris, 2006
À l’occasion du vingtième anniversaire de l’apparition du Sida, l’association Sidaction a souhaité initier une commande artistique témoignant de la maladie et ayant un caractère informatif. Daniel Buren, Sophie Calle et Xavier Veilhan avaient été consultés. Le lauréat, Fabrice Hyber, a conçu un grand puzzle de 1 001 m2 en carreaux de céramique, fabriqués à Monterrey (Mexique) à partir de 10 000 dessins originaux. La dalle constitue un grand rhizome évoquant l’histoire de la maladie, tel un lieu de mémoire implanté en plein air au cœur du parc de la Villette. Fabrice Hyber l’a conçu comme un anti-monument aux morts, comme un « jardin des dessins » sur lequel le visiteur peut librement déambuler.
Budget : 1,75 million d’euros, dont État : 530 000 euros ; Ville de Paris : 100 000 euros. Aucun des dons adressés à Sidaction n’a servi à la réalisation du projet.
Bibliophiliecontemporaine
Hors commerce, commande publique de bibliophilie contemporaine, 2006.
Bernard Dufour / Jacques Henric ; Valérie Favre / Maryline Desbiolles ; Erró / Patrick Grainville ; Gilles Barbier / Nathalie Quintane ; François Curlet / Chloé Delaume ; Sarkis / Frédéric Boyer ; Jacques Monory / Tanguy Viel ; Bruno Serralongue / François Bon ; Éric Poitevin / Mathieu Lindon ; Philippe Cognée / Paul Fournel ; Anne Ferrer / Marie Darrieussecq ; Jean-Luc Moulène / Manuel Joseph ;
Cette commande inédite de la DAP, pilotée par le Centre national des arts plastiques, a permis à douze artistes et douze écrivains de travailler de concert pour créer en duo un livre d’artiste, avec pour seule contrainte l’adoption d’un format similaire (30 x 40 cm). Leur fabrication, à trente-cinq exemplaires chacun, a été confiée à des professionnels de l’imprimerie pour la bibliophilie (lithographie, typographie au plomb, sérigraphie, gravure sur bois, offset...), choisis en fonction de la spécificité de chaque ouvrage. L’ensemble a été harmonisé par le graphiste Frédéric Teschner afin de constituer une véritable collection.
Budget : non communiqué.
Néoalignement néolithique
Aurelie Nemours (1910-2005), L’alignement du XXIe siècle, Parc de Beauregard, avenue André Mussat, Rennes, 2006.
Soixante-douze colonnes carrées de granit de 4,5 mètres de haut réparties sur une trame orthogonale émergent d’un terre-plein gazonné. Aurelie Nemours a ici réinterprété la tradition des alignements néolithiques, inscrivant son œuvre dans la course du soleil. Cette sculpture monumentale constitue l’épilogue en trois dimensions de sa série de peintures Le Rythme du millimètre (1975-1990), pour laquelle l’artiste avait effectué des recherches depuis 1986. Après l’échec d’un projet pour le parc de sculpture de Kerguéhennec, Aurelie Nemours avait été invitée à y réfléchir à nouveau dans le cadre d’un séminaire d’étudiants de l’École des beaux-arts de Rennes. C’est de cette nouvelle maquette que la ville de Rennes s’est emparée pour lancer, en 2002, cette commande publique, dernière intervention de l’artiste avant sa disparition en janvier 2005.
Budget : 1,58 million d’euros, dont État : 550 000 euros ; Conseil général d’Ille-et-Vilaine : 75 000 euros ; Mécénat : 310 000 euros.
Fourneau incandescent
Claude Lévêque, Tous les soleils, mise en lumière du Haut-fourneau U4, Uckange (Moselle), 2007.
Dans le cadre des manifestations « Luxembourg – Grande région 2007, capitale européenne de la culture », la communauté d’agglomération du Val de Fensch a fait appel au plasticien Claude Lévêque pour la mise en valeur du Haut-fourneau U4. Inactif depuis 1991 et inscrit sur l’inventaire des monuments historiques, celui-ci est un symbole de l’ancienne activité sidérurgique de la région. Claude Lévêque a choisi de créer une mise en lumière rougeoyante évoquant l’incandescence, qui semble suspendue, la base du haut-fourneau restant dans la pénombre. Les passerelles hautes, revêtues de feuilles d’or, s’en détachent pour décrire des « silhouettes fantomatiques ». L’ensemble est accompagné par un cheminement visuel. Un chemin de ronde aménagé à la partie supérieure du haut-fourneau renouvelle ainsi les points de vue sur cette carcasse de métal, alors que des tables d’orientation pourvues de longues-vues permettent d’en scruter les moindres détails.
Budget : 1, 367 million d’euros, dont État : 300 000 euros ; Conseil général de la Moselle : 239 900 euros ; Conseil régional Lorraine : 387 500 euros ; Feder : 119 600 euros ; Communauté d’agglomération du Val de Fensch : 320 000 euros.
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Panorama hexagonal
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°256 du 30 mars 2007, avec le titre suivant : Panorama hexagonal