Il préfère travailler en duo ou en trio plutôt que tout seul. D’ailleurs, les idées d’Olivier Peyricot sont partagées par de nombreux jeunes designers qui, comme lui, souhaitent faire participer et réagir les utilisateurs que nous sommes, c’est-à-dire les consommateurs. Des designers qui revendiquent un design interactif.
Après des études à l’École supérieure de Design industriel, l’ESDI, où il décroche en 1995 un diplôme en mobilier, Olivier Peyricot commence déjà à imaginer une bibliothèque que l’on pourrait habiter, dans laquelle on rentrerait, on se loverait. Très vite il fonde avec Sylvie son agence IDF qui se partage géographiquement entre Toulouse (pour les concepts) et Paris (pour les produits). En 1997, il expose au Salon du Meuble de Paris leur collection Arsenal, « l’homme à la recherche de sa cabane » : on y voit la désormais célèbre bibliothèque Réaction, une roue ronde comme un nombril ou comme le ventre de la mère dont on peut investir le centre, capitonné, dans une position proche de celle du fœtus. Il y présente aussi le divan Fusion qui, placé au centre du salon, peut devenir un « divan multifonctions et multifacettes ». En faisant simplement pivoter les assises, il devient un outil de nos envies. Autres meubles : la table basse Extension qui se déplie et se morcelle, la table-bureau Rupture particulièrement adaptée au travail à domicile... De cette époque date aussi le rideau de porte édité par Axis, fait de lanières en plastique transparent que l’on remplit de cartes portales : un mur d’images sans cesse transformable. Plus tard il fonde avec Matali Crasset (L’Œil n°508) et Lisa White, directrice de la revue Interiors View, le groupe Glassex qui présente en 1998 toute une série d’objets dits « familiaux ». Aujourd’hui le collectif Glassex s’interroge sur les mille possibilités qu’offrent la baignoire et l’économie de l’eau. Toujours l’humour. Nous sommes au pays de ce que Pascale Cassagnau appelle « les objets soustractions » ou « le design furtif » qui « place l’usager au centre d’une plate-forme d’usages et d’informations, brouillant les repères entre espace privé et espace public, temps libre et temps professionnel ». Avec ses deux talentueuses coéquipières, Peyricot est chargé de mettre en place ses idées sur le design prospectif dans « En quête d’objets » pour l’Atelier des enfants au Centre Pompidou, expérience qui se déroule jusqu’au 31 août. Enfin Peyricot poursuit encore une autre expérience en association avec Chloé Braunstein, consultante et auteur spécialisée en design, créant la revue Mobile. Deux numéros sont déjà sortis conçus comme une sorte d’exploration continuelle, de recherche « en train de se faire ». Une approche aussi bien critique que théorique et pratique de ce qu’ils appellent leur « boîte à outils ». Prochaine livraison en avril sur le thème de la « Proximité ».
Olivier Peyricot rêve d’un fonctionnalisme imaginatif mais formellement sobre. Plutôt que travailler toujours plus la forme, il faut « réinventer des usages » en additionnant des typologies déjà existantes. Les meubles doivent avoir des multifonctions, investir différemment l’espace, être en adéquation avec le corps qui est de plus en plus présent, devenir un croisement de cultures différentes avec des codes que tout le monde peut comprendre. Un mobilier nomade, composite et mobile que l’on peut littéralement « mettre-en-scène » en créant différentes sphères dans un même espace. Olivier Peyricot participe donc à l’exposition très ludique, proposée par la galerie Néotu et intitulée « Byob », avec six autres designers de cette même sensibilité, jusqu’au 20 février. Avec une superbe bibliothèque individuelle en zébrano, sur socle, qui s’ouvre comme les pages d’un livre et permet de s’isoler entre les rayons. Une sorte de cabane-bibliothèque.
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Olivier Peyricot, le multifonctionnel
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°513 du 1 février 2000, avec le titre suivant : Olivier Peyricot, le multifonctionnel