Automne 1967, 5e Biennale de Paris au musée d’Art moderne de la Ville de Paris. « L’art est
distraction. L’art est faux. La peinture commence avec Buren, Mosset, Parmentier, Toroni », disait en conclusion une bande sonore devant quatre toiles éclairées pour la quatrième et dernière séquence de BMPT au complet.
L’aventure BMPT
L’aventure BMPT (Buren, Mosset, Parmentier, Toroni) aura à peine duré neuf mois, « plus les quelques mois de longues discussions entre nous quatre », se souvient Olivier Mosset. Neuf mois, une forme picturale minimale définie pour chacun, quatre manifestations et une position enviable dans les manuels d’histoire de l’art.
Le groupe – qui n’en fut jamais un – énonce à l’époque quelques impératifs décisifs : répétition, neutralité, anonymat. « Nous étions un peu contre tout, raconte Mosset, les lieux d’exposition, l’unicité de l’objet d’art et la peinture expressive de l’époque. Nous voulions questionner la peinture par la peinture ». Et d’ajouter dans un sourire : « Au fond, je n’ai pas tellement changé d’idée. »
C’était avant que le M de BMPT ne troque sa frange brune contre une longue barbe grise de biker : bottes, jeans, cheveux longs, silhouette de jeune homme et demi-lunes vissées sur le nez. Avant que le peintre suisse ne s’installe à Tucson, Arizona. Là où « les visiteurs ne font que passer ».
Tandis qu’il suscite depuis quelques années l’appétit grandissant du marché, des commissaires d’exposition et d’une génération d’artistes, Mosset poursuit son entretien avec la peinture, renouant pour l’heure avec le monochrome.
Redéfinir l’abstraction
Continuer à peindre donc. De Paris à Tucson. Entre-temps, la peinture abstraite, chargée d’histoire, est presque devenue ready-made. Mosset a renoncé à l’un de ses premiers programmes, tenu huit ans durant : des cercles noirs au centre d’un carré blanc de 1 x 1 m. Et puisqu’un tel signe avait fini par être identifié à son auteur, Mosset passe aux peintures à bandes en 1973. En un seul geste, il rejoue le rapport du fond à la forme, et, reprenant l’outil visuel de Buren, remet en selle la question de la signature.
Entre-temps encore, le jeune Suisse s’est trouvé des compagnons de moto du côté de Malakoff et s’est engagé dans le sillage de mai 68. L’affaire se radicalise et « un jour, raconte Mosset, on m’explique que mon permis de séjour n’est pas renouvelé. J’avais quinze jours pour partir ». Viennent les monochromes, New York et la découverte de la peinture abstraite américaine. Un répertoire disponible qu’il reprend. Et dans les années 1980, à rebrousse-poil de la figuration qui fait un come-back triomphal, Mosset est de ceux qui redéfinissent encore les conditions d’une nouvelle abstraction.
Automne 2006. Le Musée est devenu Palais de Tokyo, et Mosset s’est vu confier les fenêtres des lieux. Laissées intactes, il ajoute simplement une phrase du peintre américain Ellsworth Kelly : « En octobre 1949, au musée d’Art moderne à Paris, je remarquai que les fenêtres m’intéressaient plus que l’art exposé dans les salles. » Un clin d’œil de galopin à l’histoire.
1944 Naissance à Berne. 1964-1965 Ses toutes premières œuvres évoluent du blanc intégral à l’inscription d’un A, première lettre de l’alphabet, degré zéro de la composition et du message. 1966-1967 Au sein du groupe BMPT, l’artiste répète des cercles noirs identiques sur des fonds blancs. 1977 S’installe aux États-Unis et se consacre à la peinture monochrome. 1990 Mosset réalise cinq toiles de 4 x 6 mètres pour le Pavillon suisse de la Biennale de Venise. 2007 Vit et travaille à Tucson, Arizona.
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Olivier Mosset
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°587 du 1 janvier 2007, avec le titre suivant : Olivier Mosset