La voix est douce, le débit lent qui claque rondement les « r ». Mais qu’on ne s’y trompe pas : « Olga, c’est la tempête », assure son Français de mari dans un film qui lui est consacré. L’intéressée confirme à demi-mots, qui confesse encore son étonnement lorsqu’elle arrive en France, devant le statut timoré réservé à l’artiste. À Saint-Pétersbourg, qu’elle quitte au début des années 1990, la figure de l’artiste est encore auréolée d’autorité sociale. « Et moi, je voulais changer le monde », sourit-elle.
Des beaux-arts soviétiques à la précarité de l’artiste servie en Europe occidentale, il faudra bien quelques surprenants détours pour qu’Olga Kisseleva se sache légitimement artiste. Fille de scientifiques de haut vol, elle se rêve océanographe avant d’opter pour les beaux-arts. La formation est ardue mais poussiéreuse. Elle se fâche, reprend finalement, pas tout à fait convaincue. « Chez moi, rigole-t-elle, quand on se pose des questions, on fait une thèse. » Va pour la thèse, option esthétique encore frileuse en Russie. Suit un passage déterminant à l’École pratique des hautes études à Paris – Buren, Duyckaerts, les maîtres – puis une nouvelle crise. Elle devient graphiste pour Google au cœur de la Silicon Valley. La cure est radicale mais efficace : c’est bien en irréductible artiste qu’elle revient à Paris.
Dix ans après, elle boucle trois expositions monographiques en France et – il suffit de regarder son travail – veut toujours changer le monde.
http://kisseleva.free.fr/
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Olga Kisseleva
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°599 du 1 février 2008, avec le titre suivant : Olga Kisseleva