Divisé en cinq grandes zones géographiques plus ou moins homogènes, voici un instantané des meilleurs musées classés en 2008. Un palmarès qui change chaque année et que complètent utilement les bonnes expositions du moment. À consulter avant de partir en vacances ou à glisser dans son sac de voyage, ce guide des bons plans estivaux vous accompagnera sur la route des musées pour un bel été culturel…
Nord-Est : une longue tradition muséale
Après avoir caracolé en tête des musées régionaux, la Piscine de Roubaix (18e) a perdu quelques places par rapport à 2008. Cela s’explique par l’absence de grande exposition temporaire du niveau de celle sur Chagall en 2007 et la baisse conséquente de la fréquentation et des recettes commerciales. Mais la Piscine reste le site incontournable de la région. L’originalité de l’édifice (une vraie piscine d’avant-guerre), la séduction des collections permanentes du xixe et la convivialité des lieux en font une étape familiale très agréable.
L’effacement (temporaire ?) de la Piscine permet à un autre musée du Nord, le palais des Beaux-Arts de Lille de devenir le premier musée en région, juste derrière les majors parisiens. Cette consécration vient récompenser le dynamisme de la métropole lilloise, qui a fait de la culture un axe majeur de sa politique, et la qualité du musée en lui-même. Rénové en 1991, il occupe un bâtiment dans le plus pur style éclectique de la fin du xixe et abrite la deuxième collection historique après le Louvre. Ses 1 500 m² d’espace permettent d’en exposer les pièces les plus importantes, dont 570 tableaux. La présentation de la célèbre série des Caprices de Goya a fait augmenter la fréquentation en 2008 de près de 20 %. Cet été, le palais raconte l’attrait de l’Orient pour les artistes. Valenciennes, Le Cateau-Cambrésis et Tourcoing, toujours bien situés au palmarès général, complètent judicieusement le parcours muséal nordique, en attendant la réouverture en 2010 du musée d’Art moderne de Villeneuve-d’Asq qui devrait très vite bien se classer.
L’Est de la France est un peu moins doté que le Nord. Deux musées s’en détachent, le musée des Beaux-Arts de Nancy et celui d’Art moderne de Strasbourg, accusant cependant tous les deux une petite baisse dans le classement en raison d’un questionnaire insuffisamment rempli. Nancy capitalise sur son identité, l’Art nouveau, pour organiser aux galeries Poirel une rétrospective Majorelle tout en s’autorisant une programmation moins conventionnelle avec Francis Gruber. Strasbourg dispose de pas moins de dix musées classés nationalement, un record, juste derrière Paris. Mais c’est le musée d’Art moderne qui émerge le plus régulièrement. Cet été, il ouvre ses murs au producteur Marin Karmitz qui a choisi une quinzaine d’œuvres « silencieuses » d’art contemporain.
La Picardie est nettement moins riche en musées. Et malheureusement le seul musée bien classé, celui d’Amiens (14e) est fermé cet été. Il faut se rabattre, dans un registre différent, sur l’Historial de la Grande Guerre à Péronne qui n’hésite pas à afficher les planches de BD de Tardi pour rendre compte de la Première Guerre mondiale. Amiens n’est cependant qu’à 1 h 30 de Lille en voiture ou 2 heures de Reims où l’on peut admirer les Corot de la collection permanente. Mais le musée des Beaux-Arts souffre de la vétusté des locaux et attend avec impatience un nouvel édifice.
Sur la route du sud, Dijon, Besançon et Chalon-sur-Saône offrent toutes trois des musées plutôt bien classés. Les cinq musées de Dijon sont gratuits, dont le musée des Beaux-Arts qui présente une collection historique dans un ensemble de bâtiments tout aussi historiques. Un vaste chantier de rénovation est en cours jusqu’en 2017, mais les collections restent accessibles.
Sud-Est, peut mieux faire
Riche en musées, le sud-est de l’Hexagone ne brille pas par sa forte représentation dans notre classement, comme on le voit sur la carte ! Seule la région Rhône-Alpes relève le niveau, avec des établissements bien notés. Avec 260 000 visiteurs annuels, le musée des Beaux-Arts de Lyon (8e) fait en effet figure de grand musée régional. La qualité de ses prestations d’accueil, de ses collections et de ses expositions lui permet en effet de rivaliser avec les meilleurs. Un passage par Lyon vaudra également un détour vers le musée d’Art contemporain (MAC), dédié à la production d’œuvres et qui, en attendant la biennale de septembre, ouvre ses portes cet été pour une exposition consacrée au photographe Jean-Luc Mylayne et au rocker-plasticien Alan Vega.
Les amateurs d’archéologie ne manqueront pas deux musées de site aux excellents parcours pédagogiques : le musée de la Civilisation gallo-romaine situé sur la colline de Fourvière, à Lyon, qui évoque le passé de l’ancienne capitale des Gaules, et son homologue de Saint-Romain-en-Gal, à Vienne (Isère), également géré par le département du Rhône. À Saint-Étienne (Loire), le musée d’Art moderne, qui vient de fêter ses 20 ans, fait une belle remontée à la 25e place, classement logique pour ce musée qui a récemment renforcé son ancrage sur le territoire en participant au projet culturel de l’église Saint-Pierre de Firminy, une construction de Le Corbusier dans l’agglomération stéphanoise achevée en 2007. Seul bémol : Grenoble (Isère) n’est pas représentée comme elle le devrait, la direction du musée de Grenoble refusant de participer cette année à notre palmarès.
La Côte d’Azur, qui présente pourtant un solide réseau de musées, dont plusieurs musées nationaux, Musée national Marc Chagall à Nice et Musée national Fernand Léger à Biot – qui a inauguré en juin 2008 de nouveaux espaces –, peine à monter dans notre classement. Ainsi du musée Matisse (80e), qui proposera pourtant une séduisante exposition estivale consacrée à la rencontre entre Matisse et Rodin, ou encore du musée des Arts asiatiques logé dans une étonnante architecture signée par le Japonais Kenzo Tange. Le musée d’Art moderne et contemporain (MAMAC), dont les abords ne cessent de se dégrader, reste un peu trop sage, tout comme le musée des Beaux-Arts Jules Chéret, qui réunit pourtant une belle collection de peintures dans un élégant hôtel particulier. Ces musées, souvent spécialisés, semblent en effet pénalisés dans un certain nombre de critères, dont l’absence d’acquisitions et le manque d’ambition des expositions temporaires… Il semble aussi que leurs tutelles respectives, la ville de Nice et le département des Alpes-Maritimes (pour le musée des Arts asiatiques), pèchent en matière de soutien financier et politique.
La situation n’est toutefois pas encore aussi inquiétante qu’à Marseille (Bouches-du-Rhône), où le musée des Beaux-Arts, qui occupe l’une des ailes du prestigieux palais Longchamp, est fermé depuis de longues années pour des travaux qui n’en finissent plus de prendre du retard. Privant notamment les visiteurs des célèbres grands formats de Puvis de Chavannes, Marseille, porte de l’Orient et Massilia, colonie grecque (1869).
Sud-Ouest : surtout les métropoles régionales
Avec sept musées classés dans le top 50 national, le Sud-Ouest se classe un peu en dessous de la moyenne. Histoire et géographie obligent, les fleurons muséaux sont localisés dans les grandes villes du Sud. L’un d’eux, le musée Fabre de Montpellier, est le parfait exemple d’une politique locale offensive. La mairie qui a vu les choses en grand aime à le faire savoir. Quatre ans de travaux pour fluidifier la circulation entre les trois bâtiments et moderniser le site. De grandes expositions, qui sont parfois des reprises de celles du Grand Palais, et le musée Fabre se classe à la 19e place. Il est même le premier musée en région par le nombre de visiteurs. Il est également l’un des rares musées dont on peut télécharger les audioguides sur son site internet. Un dynamisme payant puisque, à la suite du mécène historique Alfred Bruyas, Soulages a fait don de plusieurs de ses œuvres. Cet été, on peut y voir une rétrospective d’Alfons Mucha. Simple et efficace.
Toulouse s’impose de plus en plus comme capitale culturelle régionale, réussissant le luxe de placer trois musées, des antiques à l’art contemporain, dans le top 10 régional. C’est ce qui l’a sans doute desservi dans sa candidature au titre de capitale culturelle européenne en 2013, face à Marseille, sous-équipée, qui a plus à gagner dans l’affaire. Malgré une petite baisse de forme, les Abattoirs et son statut hybride de musée et de centre d’art reste le premier lieu d’art contemporain en France, pourtant encore mal connu. Il lui manque une exposition grand public pour augmenter sa notoriété. Environ 80 % de ses 114 000 visiteurs sont des Toulousains qui apprécient l’ampleur des lieux et… le petit restaurant qui donne sur le parc.
La rivale bordelaise a encore une marge de progression. Le musée d’Aquitaine et le musée des Beaux-Arts ont bien avancé dans le classement, mais n’ont pas l’ampleur, particulièrement le musée des Beaux-Arts, de ceux de Lyon, Lille ou Montpellier. Grâce à une politique soutenue d’expositions temporaires, il a cependant pu accroître sa fréquentation de 47 %. Vivement chichement, il navigue à l’économie. Sous réserve de l’exactitude des chiffres indiqués par tous les répondants, son coût de fonctionnement par visiteur (4,48 euros) est dans la moyenne basse. À titre de comparaison, celui de Montpellier est de 9,15 euros, celui des Abattoirs de 33 euros et, hors de la région, il grimpe jusqu’à 32 euros pour le Centre Pompidou voire 45 euros pour le quai Branly. Le musée d’Aquitaine, un musée d’histoire, a récemment fait parler de lui avec l’ouverture très opportune d’une salle, dédiée à l’esclavage, un thème neuf pour les musées. L’accès aux collections permanentes des cinq musées bordelais est gratuit. Une aubaine pour les visiteurs, mais qui n’aide pas nécessairement les finances de ces musées.
Montauban et le musée Ingres sont une belle étape entre Bordeaux et Toulouse. Logé dans un palais épiscopal, le musée Ingres figure dans le top 50 national grâce à la qualité de ses collections, dont le célèbre violon d’Ingres. On peut y voir cet été une très intéressante analyse des influences d’Ingres sur les peintres modernes.
Un grand Ouest dynamique
Si le beau temps n’est pas toujours au rendez-vous pour les vacanciers, le grand Ouest affiche néanmoins la couleur… culturelle. Avec 11 établissements classés parmi les 50 premiers musées français, le quart Ouest peut en effet se targuer d’être doté d’un solide maillage de musées d’un excellent niveau. En tête, le musée des Beaux-Arts de Rouen, qui pourrait davantage pâtir de sa proximité avec la capitale, parvient à rester dans le top ten (9e). Si ses expositions ont été moins ambitieuses en 2008, le musée continue à mener une politique attractive à destination de tous les publics. Ses collections de très haut niveau, où l’on trouve notamment l’un des rares tableaux du Caravage conservés en région, sont incontournables pour tous les amateurs de peinture.
Rouen est toutefois talonné par un autre excellent musée, celui des Beaux-Arts de Nantes (11e). Situé au cœur d’une métropole qui a misé depuis plusieurs années sur la culture, celui-ci dispose des mêmes atouts que son homologue normand : force des collections, programmation ambitieuse, alternant expositions d’art ancien et d’art contemporain. Le musée souffrait toutefois d’un manque de place pour ses collections et d’une dégradation de ses bâtiments. La municipalité a donné en avril dernier son feu vert au lancement de travaux pour plus de 30 millions d’euros. Prévus pour être achevés en 2013, ils lui permettront de jouer dans la cour des grands musées parisiens, à l’égal des musées de Lille et Lyon, leaders des musées régionaux.
L’amateur de musées, de passage en Normandie, ne manquera pas de faire un détour par Caen, ville dotée de deux excellents musées, tous deux logés sur le site du château. Le musée de Normandie vaut pour ses collections archéologiques, alors que le musée des Beaux-Arts possède une riche collection d’art ancien, faisant référence en matière de peinture européenne du xvie siècle au xviiie siècle, et dont la visite est entièrement gratuite. Outre la présentation de l’un des volets de l’exposition consacrée à la Normandie pittoresque, organisée avec les musées de Rouen et du Havre, le musée accueille exceptionnellement durant tout l’été, et jusqu’en janvier 2010, le célèbre Semeur de Millet, prêté par le musée des Beaux-Arts de Boston. Le musée Malraux du Havre, inauguré en 1961 par le premier ministre de la Culture, qui conserve d’importantes collections sur le xixe siècle, a quant à lui bénéficié de la dynamique touristique du label patrimoine mondial de l’Unesco, obtenu en 2005.
Si la Bretagne s’illustre moins dans ce classement régional, Quimper reste néanmoins un passage obligé, avec son musée départemental breton logé dans le palais épiscopal, mais aussi son musée des Beaux-Arts, qui refuse de participer à notre palmarès alors qu’il pourrait y figurer en bonne place. Une fois à Quimper, un détour s’imposera vers la petite cité de Pont-Aven, située à quelques kilomètres. Né en 1985 sans collection, ce petit musée entend désormais se hisser à un haut niveau. La nouvelle direction du musée tient en effet à insuffler un nouvel élan à ce haut lieu de la peinture – où Gauguin arriva en 1886 –, mais dont l’image était galvaudée. L’exposition d’été, consacrée à Maurice Denis, en donne déjà le ton.
L’Île-de-France en leader
Sans surprise, l’Île-de-France reste le phare hexagonal en matière de musées, la région où se concentrent à la fois les grands établissements publics, mais aussi quelques musées, plus modestes en terme de taille, mais à fort rayonnement. Parmi les leaders, notre classement est bouleversé cette année par l’arrivée, en tête, du Musée national d’art moderne–Centre Georges Pompidou, qui réussit à ouvrir toutes ses salles et a commencé à proposer des audioguides, plébiscités par les visiteurs, notamment étrangers. Malgré des tarifs élevés, le paquebot de Beaubourg ramène ainsi le Louvre et ses 8,3 millions de visiteurs en 3e position, derrière le musée du quai Branly. Ce dernier, malgré une fréquentation en repli de près de 6 %, se hisse à la deuxième place, grâce notamment à une politique active d’expositions temporaires destinées à tous les publics. Cet été sera ainsi consacré à la figure mythique de Tarzan…
Musée à forte fréquentation de touristes étrangers, Orsay enregistre cette année un léger repli et passe derrière le musée Guimet, qui se maintient à la 4e place et gagne 24 % de visiteurs, grâce, notamment, à l’expérimentation de la gratuité de ses collections permanentes lancée de janvier à juin 2008 par le ministère de la Culture.
Parmi les incontournables des visites franciliennes, le château de Versailles (Yvelines) continue pour sa part à pâtir de la médiocrité des services offerts à des visiteurs toujours plus nombreux (espaces d’aisance et de restauration), alors qu’un autre château-musée, Fontainebleau (Seine-et-Marne), continue à progresser. Moins accessible depuis la capitale, l’ancienne résidence de François Ier offre toutefois la garantie d’une visite de qualité, grâce notamment à l’ouverture de nouvelles salles, dans des conditions appréciables.
Idem au château d’Écouen (Val-d’Oise), qui abrite, loin des hordes de visiteurs de Versailles, un incontournable Musée national de la Renaissance alliant le fond et la forme en étant logé dans l’un des plus beaux châteaux de la Renaissance encore conservé dans son intégralité. Le musée de l’Armée (10e), hébergé pour sa part dans l’imposant Hôtel des Invalides et ouvert tous les jours de la semaine, recueille les fruits de sa politique de rénovation qui s’est achevée en mai par la réouverture du département moderne.
Quelques musées de plus petite taille – et aux budgets plus modestes – parviennent néanmoins à faire bouger les lignes de notre classement. Ainsi du musée Rodin (28e), à Paris, lui aussi très prisé des étrangers, qui conjugue l’attrait de ses collections et de ses expositions temporaires et l’agrément de son jardin. Les travaux d’agrandissement des espaces d’accueil ont notamment permis de pallier certains désagréments en cas de forte fréquentation. Le MacVal de Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne), en région parisienne, pourtant handicapé par son éloignement de Paris et sa mauvaise desserte en transport en commun, s’immisce parmi les meilleurs (32e) avec un public principalement de proximité.
Dans le bouillonnant quartier du Marais, deux visites s’imposent : le musée Carnavalet (12e), avec sa fabuleuse – et éclectique – collection dédiée à l’histoire de Paris, desservie toutefois par un parcours labyrinthique, et le musée de la Chasse et de la Nature (47e). Ce dernier, qui s’est ouvert à l’art contemporain, est un véritable havre de paix au charme suranné au milieu de l’agitation parisienne.
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Nos meilleurs plans de l’été, région par région
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°615 du 1 juillet 2009, avec le titre suivant : Nos meilleurs plans de l’été, région par région