Avec un commerce dynamique et des œuvres de qualité, Art Basel Miami Beach s’est offert une belle édition dans un environnement toujours aussi riche.
MIAMI BEACH - « On voit de belles choses partout, c’est fabuleux ! », s’exclamait, enthousiaste, une collectionneuse au détour d’un stand, dans les premières heures d’ouverture de la 13e édition d’Art Basel Miami Beach, qui s’est déroulée du 4 au 7 décembre en Floride.
La visiteuse avait en effet de quoi se réjouir car le salon est cette année parvenu à trouver le ton juste, entre une forme de légèreté qui sied aux lieux et des propositions plus en réflexion : « plusieurs mondes cohabitent ici », relevait fort à propos un collectionneur. Ainsi pouvait-on passer du magnifique stand de Sadie Coles (Londres) constellé de gouttes de pluie jaunes et vertes d’Urs Fischer à la retenue d’un cabinet d’Ettore Spaletti chez Lia Rumma (Naples), acheter de l’art aborigène chez Salon 94 (New York). Mais aussi jeter son dévolu sur une toile d’Helen Frankenthaler de 1963 figurant comme un paysage dilué à la surface, proposé par Van Doren Waxter (New York). On pouvait encore se laisser happer par la performance forte et décalée de la Sud-Africaine Tracey Rose qui, sur le stand de Dan Gunn (Berlin), dans le secteur « Positions », faisait jouer trois acteurs montés sur un podium situé en hauteur et dissimulé derrière un décor dessiné à la main, sur le thème de la suprématie blanche et des relations maître-esclave. Le galeriste donnait lui aussi de sa personne, trônant ici vêtu pour moitié en homme, pour moitié en femme. Proposant l’œuvre pour la somme de 18 000 dollars (14 650 euros), il expliquait : « Dans l’évolution de ma galerie, je dois prendre des risques, et il est plus intéressant de montrer ce genre de projets ici, dans un contexte international, car beaucoup de gens le voient. »
Pas si « fast and furious »
Les transactions, de l’avis général, sont allées bon train avec un nombre important de ventes dépassant le million de dollars. Mnuchin Gallery (New York) s’est ainsi défaite d’une sculpture de John Chamberlain datée 1964 affichée à 5 millions et Skarstedt (New York), d’une photo de Richard Prince de 1982 pour 1,2 million. Néanmoins, si les enseignes phares sur les stands desquels papillonne toujours une foule importante, comme White Cube (Londres, Hongkong) ou Hauser & Wirth (Zurich, Londres, New York) peuvent se prévaloir d’un débit très rapide, l’aspect « fast and furious » du commerce, qui est volontiers mis en avant par certains galeristes et communicants, est à relativiser, aux dires de nombreux marchands bien installés. Ainsi Mehdi Chouakri (Berlin), qui exposait notamment un immense mur en miroirs convexes de format carré de John M. Armleder, tempérait-il : « Le marché se porte bien, mais n’est pas si simple que cela ; on ne vend pas pour des millions au cours des deux premières heures ! Il faut bien travailler pendant toute la semaine pour gagner de l’argent. Mais cette foire nous permet de toucher un public américain qui ne voyage pas en Europe ni à Bâle, et aussi beaucoup de musées. »
Si la clientèle latino-américaine est toujours assez présente, il semble toutefois qu’elle ait été un peu moins nombreuse qu’à l’accoutumée, peut-être en raison du retournement économique qui a commencé à marquer le Brésil…
L’engouement pour le marché qui se tient en Floride et les affaires que l’on peut y faire ne se dément donc pas. « La seule galerie à n’avoir pas postulé de nouveau pour cette édition est Yvon Lambert qui va fermer ses portes, nous n’avons jamais eu un taux de renouvellement de demandes aussi fort qu’à Miami cette année », affirmait, satisfait, Marc Spiegler, le directeur d’Art Basel.
Ce qui, en revanche, ne laisse pas de surprendre, c’est la toujours grande vitalité d’un secteur « off » qui ne s’essouffle pas malgré sa piètre qualité – les foires NADA et Untitled mises à part. La troisième édition de cette dernière, à laquelle ont notamment œuvré Mélanie Scarciglia et Christophe Boutin de Onestar Press, était en nette amélioration. Au total, ce ne sont pas moins de dix-huit salons satellites qui se sont tenus pendant la semaine. Ils se reconduisent d’année en année et parviennent donc à tenir financièrement et à entretenir une clientèle, ce qui ne se voit dans aucune autre ville au monde, ni en Europe ni même à New York. Cela ajoute à la démonstration de l’incroyable attractivité de Miami.
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Miami, la foire « plus »
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°425 du 12 décembre 2014, avec le titre suivant : Miami, la foire « plus »