Martine Lusardy - Halle Saint-pierre

La directrice de la Halle Saint-Pierre enchaîne : « C’est tellement important de pouvoir montrer des œuvres qui font cohabiter avec une telle présence merveilleux et souffrance. » L’Art brut, Martine Lusardy en parle avec une passion restée intacte depuis qu’elle a fait le pari, il y a vingt-cinq ans, de prendre la direction de la Halle Saint-Pierre, un espace culturel municipal alors en difficulté, avec l’ambition à l’époque totalement improbable de créer à Paris un pôle dédié à l’Art brut, à l’art singulier et aux créations en marge des circuits culturels traditionnels. Grâce à une première et remarquable exposition en 1995, « Art brut et compagnie », réalisée avec le soutien de Michel Thévoz, puis aux audacieuses manifestations qui suivirent, la Halle Saint-Pierre s’est progressivement affirmée comme un espace culturel expérimental au rayonnement international aujourd’hui incontestable, accueillant des espaces d’expositions, une librairie spécialisée et un restaurant. Enfant, Martine Lusardy avait éprouvé ce qui peut advenir quand on est perçu différent : « En Algérie, comme d’autres enfants, j’avais l’habitude de grimper aux arbres. Arrivée en France, j’ai continué, et des gens m’ont agressée en me traitant de singe. » Cette liberté de penser et d’agir, elle la revendique toujours. Dirigeant la publication de L’Art brut, ce superbe et énorme ouvrage qui vient de sortir chez Citadelles & Mazenod, elle a fait appel à des auteurs portant des regards différents et renouvelés sur des pratiques de création en permanente mutation. Ce qui n’a bien sûr pas plu à tout le monde.