La Ville a créé deux fonds de dotation pour acquérir des œuvres d’art et protéger le patrimoine. Ce faisant, elle concurrence la recherche de financements privés de l’association Marseille-Provence 2013. Celle-ci doit trouver 15 millions d’euros pour boucler un budget de 91 millions d’euros affecté par la défection de Toulon.
MARSEILLE - « Le problème est sérieux. Nous sommes atterrés. » À la Maison diamantée, siège de l’association Marseille-Provence 2013 (MP 2013), on accuse le coup. Car à Marseille, on parle beaucoup des fonds de dotation (structure plus souple qu’une fondation), créés par la Ville sous l’impulsion de Renaud Muselier et du maire Jean-Claude Gaudin. Censés « mobiliser les acteurs économiques dans la perspective de l’année 2013 », ils court-circuiteraient les démarches de MP 2013, structure pilote du projet « Capitale européenne de la culture », en quête de 15 millions d’euros de fonds privés pour boucler son budget (91 millions d’euros) déjà diminué par la défection de Toulon. « Ne pas y parvenir serait catastrophique ! », prévient-on à la Maison diamantée, où l’on estime que « le dispositif de la Ville vient ralentir les négociations ». Les entreprises ne sauraient plus à qui donner.
C’est en décembre 2010 que la création de deux fonds de dotation a été officialisée par délibération du conseil municipal. Le premier, nommé « Marseille Art 2013-2020 », est voué à l’acquisition d’œuvres d’art contemporain. Le second, « Marseille Patrimoine 2013-2020 », a pour objet d’inciter le secteur privé à participer à « la rénovation du patrimoine architectural marseillais ». Près de cinquante chantiers ont été engagés par la municipalité pour enrichir la future capitale européenne de la culture en matière d’équipements culturels. Ils représentent un investissement de 600 millions d’euros financés à 40 % par la Ville. Dans ce contexte, le mécène est une espèce particulièrement recherchée.
« Deux territoires bien distincts »
« Il n’y a pas de concurrence ! », plaide Daniel Hermann, adjoint au maire délégué à la culture. « Les fonds de dotation de la Ville sont consacrés à l’achat d’œuvres et au patrimoine. 2013, c’est de l’événementiel. En termes de mécénat, ce sont des actions très différentes. Dire que nous empiétons sur MP 2013 est une contre-vérité. Il y a deux territoires bien distincts ! » Enfin, Hermann précise que ces fonds ont été créés pour « réunir dans un même organisme des actions que [la Ville] réalis[ait] auparavant au coup par coup », et que « ces partenariats ne concernent pas seulement 2013 mais s’étalent jusqu’en 2020 ». La polémique n’aurait donc pas lieu d’être.
« Il faut trouver les moyens de se coordonner pour éviter de se concurrencer », tranche quant à lui Jacques Pfister, président de la chambre de commerce et d’industrie et de l’association MP 2013. L’homme a la plaisanterie facile. Mais pour le coup, il pèse chacun de ses mots : « Les objectifs sont certes complémentaires. Mais encore faut-il que les clients le comprennent. Nous devons améliorer la communication à l’attention des entreprises. » À cet effet, il a été décidé qu’une rencontre entre l’association et la Ville se déroulerait « avant le mois de juillet ». Un manière d’éviter les malentendus. Pas sûr que cela suffise. Car si, du côté de MP 2013, on est résigné sur les mœurs des politiques – « À Lille en 2004, c’était pareil : [Martine] Aubry prenait son téléphone pour démarcher les entreprises » –, à la Ville, on est de plus en plus fatigué de voir l’association « jouer les victimes ». Plusieurs élus et proches collaborateurs du maire murmurent que « MP 2013 s’y est prise trop tard. Ils savent bien qu’ils ne parviendront pas à obtenir leurs 15 millions. Ils commencent donc déjà à se trouver des excuses… »
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Marseille joue contre son camp
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°351 du 8 juillet 2011, avec le titre suivant : Marseille joue contre son camp