Les mains disent beaucoup des personnes que Mark Cohen photographie. Les siennes, fines, tachetées, il ne les a jamais photographiées. Rares sont les autoportraits et les photos de famille dans ses archives.
Son regard, il le fixe ailleurs : sur une main gantée de blanc tenant un sac à papier, le tweed d’un manteau, le galbe d’une jambe en mouvement ou la peau sombre des genoux d’un gamin… Ces fragments de corps, de vêtement, de geste ou de nourriture marqueurs de la condition sociale, Mark Cohen les a pendant près de cinquante ans prélevés dans sa ville natale de Wilkes-Barre, ville minière en déclin de Pennsylvanie, guidé par ce que son œil captait instinctivement, accidentellement, l’appareil toujours à la main, prêt à être déclenché sans viser.
Il ne s’est jamais interdit quoi que ce soit, ni soucié davantage du nom ou du prénom de la personne photographiée. Jamais il n’a failli à ce rituel de la promenade indissociable de la prise de vue qui le ramenait invariablement à son studio pour extraire une poignée de tirages avant d’entamer sa journée de photos de mariage, d’identité… Très jeune, Mark Cohen a pris des photos, su tirer et voulu montrer ses clichés via des concours et un premier voyage à New York entrepris à 16 ans pour voir des galeries. Très tôt également, ces clichés ont été repérés, exposés au MoMA et à la Galerie Castelli, qui les montrera à côté de Warhol. Sans que l’homme ne change rien à ses habitudes de flâneur au regard pénétrant.
1943
Né à Wilkes-Barre (Pennsylvanie)
1971
Bourse du Guggenheim Fellowship
1973
Exposition monographique au MoMA
1975
Commande couleurs de Williams Jenkins
2013
« Dark Knees » au Bal jusqu’au 8 décembre, livre coédité avec Éditions Xavier Barral
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Mark Cohen - L’étrange
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°663 du 1 décembre 2013, avec le titre suivant : Mark Cohen - L’étrange