Tupperware fête cette année ses quarante ans de présence en France par une exposition à Paris, et la vente, pour la première fois hors ses fameuses réunions à domicile, de ses produits au design familier et à la haute technicité.
Nombreux sont ceux qui ont manipulé, non sans plaisir, l’une de ces fameuses boîtes en plastique de la marque américaine Tupperware. On y enfermait religieusement, comme un ultime souvenir culinaire, les restes (forcément meilleurs le lendemain !) d’un bonheur, salé ou sucré, servi la veille. L’objet, qui fait assurément partie de notre quotidien, aura marqué des générations entières. À preuve, les lampes qu’Antoine Laverdière, jeune créateur du groupe canadien Polygone, a présentées à la Biennale de design de Saint-Étienne, en octobre 2000 : des empilements de boîtes Tupperware “qui révèlent à la lumière la qualité esthétique de leur plastique coloré”. Tout comme Frigidaire ou Abribus, la marque est entrée dans le langage courant : en cuisine, on ne dit pas une “boîte à restes”, mais un “Tupperware”. Arrivée en France il y a quarante ans, la marque y a depuis écoulé quelque 12 millions d’exemplaires.
C’est en 1942 que le chimiste américain Earl Tupper met au point une technique d’injection d’un polyéthylène très souple. Il l’utilise alors pour fabriquer, par moulage, une large gamme de récipients pour la cuisine, aussitôt baptisée “Tupperware”, “les articles de Tupper”. De formes géométriques et de couleurs variées, ils sont très légers, incassables – garantis à vie – et surtout parfaitement hermétiques. Astucieuse, la fermeture se fait par pression d’air – le légendaire Pssschittt ! – sur un couvercle qui utilise judicieusement les possibilités d’élasticité du matériau. Outre-Atlantique, c’est la révolution dans les modes de conservations. En 1947, la revue House Beautiful qualifie ces boîtes alimentaires d’”œuvres d’art pour 39 cents”. Le succès sera planétaire. D’autant qu’il repose sur une idée de génie : la fameuse “Home Sale Party”, vente à domicile par le biais de réunions organisées, chez elles, par les ménagères. Aujourd’hui, dans la centaine de pays où la marque est présente, une réunion Tupperware commence... toutes les deux secondes.
On pensait l’esthétique de ces boîtes en plastique inamovible. Il n’en est rien. Quatre centres de design (États-Unis, Australie, Japon et Belgique) alimentent la gamme deux fois l’an. Si les lignes restent plutôt classiques, hormis quelques modernes surprises comme le mini Forget Me Not, la technicité, elle, est de haute volée. À titre d’exemple, la ligne UltraPlus : “Nous l’avons créée à partir d’un plastique utilisé dans l’aéronautique, explique Bob Daenen, responsable depuis trente ans du bureau belge. Elle peut supporter une variation de température de –25 ° à 230 °C, donc passer indifféremment du congélateur au frigo, au four ou au micro-ondes.” En 1999, une recherche menée conjointement avec le Département des sciences horticoles de l’université de Floride et l’Inra, en France, a, elle, abouti à la série FridgeSmart : des boîtes munies de “clapets” qui régulent l’oxygène et le dioxyde de carbone, permettant ainsi de conserver plus longtemps et dans de meilleures conditions fruits et légumes frais, car ceux-ci “respirent”... Fermer la porte du frigo pourrait bientôt relever du cas de conscience !
- Exposition “Magic Tupperware�? mise en scène par les Tsé-Tsé, du 10 octobre au 10 novembre, à la galerie Sentou, 18/24 rue du Pont-Louis-Philippe, 75004 Paris, tél. 01 42 71 00 01. Y sera vendue une trentaine des 150 produits du catalogue, de 29 F (le Forget Me Not) à 580 F (tourtière UltraPlus). Mieux, pour les fans ou les non-initiés, de “vraies�? réunions auront lieu durant l’expo, les jeudis (19h-21h) et samedis (10h-12h).
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Magic Tupper
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°133 du 28 septembre 2001, avec le titre suivant : Magic Tupper