Sur quatre-vingts commissaires potentiels, il en sera resté quinze pour penser la giga exposition du Grand Palais. L’événement est divisé en autant de plateaux d’exposition.
S’il est inapproprié de considérer les heureux élus comme un top quinze du commissariat français, nulle raison néanmoins d’en dénigrer le choix ! Ils sont professionnels, retenus pour la
valeur de leurs jugements esthétiques et l’originalité de leur monde artistique.
Bien sûr, il y a des absents, notamment chez les trentenaires sous-représentés face à une dream team de sémillants quadras et quinquas. Mais cette sélection n’est qu’une première étape, « La Force de l’art » étant l’amorce d’une Triennale de Paris.
Confrontés à la mission très exposée que d’essuyer les plâtres d’une première édition si politique, ces commissaires se sont vus proposer des cartes blanches qu’ils ont jouées tout en subjectivité. Point d’art officiel ni de pensée unique ici, de vraies histoires qui reflètent mixité de la création en France, une hétérogénéité qui mélange avec bonheur toutes les générations.
Familles artistiques
Les profils varient autant que les sensibilités et les goûts mais force est de constater qu’un tiers des commissaires est affilié à une institution parfois internationale. Philippe Vergne est en effet conservateur au Walker Art Center de Minneapolis, tandis que Lorand Hegyi, d’origine hongroise, a dirigé le musée d’Art moderne/fondation Ludwig à Vienne avant de prendre les rênes du musée d’Art de Saint-Etienne. Daniel Soutif, pilier du Centre George Pompidou pendant presque dix ans, dirige aujourd’hui le centre d’art de Prato à côté de Florence et Eric Troncy, autoproclamé « auteur » d’exposition, peut se targuer d’avoir signé pas mal de poids lourds de l’art contemporain international avec l’équipe du centre d’art du Consortium à Dijon. Quant à Nathalie Ergino, elle affiche un parcours plus hexagonal, du Frac Champagne-Ardenne à ses débuts, à l’institut d’Art de Villeurbanne aujourd’hui.
Du côté des historiens de l’art, Paul Ardenne, Bernard Marcadé et Eric de Chassey se sont imposés avec des ouvrages de références en art et quelques expositions bien senties, dont « Micropolitiques » au Magasin de Grenoble pour le premier, « Fémininmasculin, le sexe de l’art » à Beaubourg en 1995 pour le second, et « Stroll on ! » au MAMCO de Genève pour le troisième. Catherine de Smet, historienne du graphisme, représente cette discipline sur une surface certes plus réduite, mais la reconnaissance symbolique est énorme.
Les personnalités libres
Mais ce sont surtout les électrons libres qui trustent les bancs de l’exposition : ancien directeur d’institution comme Dominique Marchès, fondateur du centre d’Art de Vassivière, critiques d’art et commissaires freelance comme Anne Tronche, Hou Hanru ou Richard Leydier, directeur d’un groupe de publications comme Olivier Zahm (Purple) mais aussi artiste à l’instar de Xavier Veilhan.
Plus que la voix de son maître, « La Force de l’art » se veut donc polyphonique dans une harmonie qui, espérons, saura éviter la cacophonie. De fait, cette subjectivité assumée permet de moins s’attarder sur ceux qui ne seront pas de la fête, artistes comme commissaires. Ces trois familles de commissaires unissent leurs forces dans un principe commun : la fidélité. Tous les projets traduisent ces amitiés, ces chocs esthétiques et ces années de soutien aux artistes.
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L’union fait la force de l’art
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°580 du 1 mai 2006, avec le titre suivant : L’union fait la force de l’art