Le dynamisme de la scène artistique anglaise est souvent attribué aux seules vertus du libéralisme. Une étude démontre pourtant que, depuis 1995, les artistes britanniques bénéficient massivement des deniers publics, et dans une proportion bien supérieure à leurs homologues français. Est-il donc si surprenant, dans ces conditions, que la scène artistique britannique ait connu un tel essor au cours de ces dernières années ?
LONDRES - Depuis 1995, les artistes britanniques ont bénéficié d’un soutien public sans précédent. Cette conclusion inattendue ressort de l’étude des fonds distribués par l’Arts Council of England Lottery Fund – l’Écosse, le Pays de Galles et l’Irlande du Nord ont leur propre structure. Plus de 50 millions de livres sterling (490 millions de francs) ont en effet été dépensés depuis cette date pour des commandes d’œuvres d’art, une somme qui se répartit équitablement entre les projets de sculptures autonomes et des pièces conçues spécifiquement pour des bâtiments. En France, durant la même période, la Délégation aux Arts plastiques a consacré à la commande publique – hors 1 % – 57,9 millions de francs, soit huit fois moins. Il est peut-être temps de remettre les pendules à l’heure, alors que le New York Times publiait, le 4 mars, un nouvel article stigmatisant les aides publiques consacrées par notre pays à la promotion de l’art hexagonal, et le “mode dirigiste inimitable du gouvernement français”.
En Angleterre, plus de deux cents artistes ont bénéficié du soutien de l’Arts Council, parmi lesquels David Mach, Tony Cragg, Andy Goldsworthy ou Ian Hamilton Finlay. Ainsi, l’œuvre d’Antony Gormley, Angel of the North, a coûté 791 000 livres (7,8 millions de francs), et le budget de l’Irwell Sculpture Trail s’est élevé à 4 millions de livres (39 millions de francs). La moitié du budget global a été consacrée à des dizaines de projets plus modestes, équivalents au 1 % français. S’il n’existe, officiellement, aucune condition de nationalité, dans les faits, les artistes soutenus par l’Arts Council sont presque tous britanniques. Cet afflux soudain d’argent s’explique par la création, en 1995, de la Loterie anglaise. Une leçon à méditer de ce côté-ci de la Manche.
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Londres comble ses artistes
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°80 du 2 avril 1999, avec le titre suivant : Londres comble ses artistes