Directeur du Getty Museum depuis dix-sept ans, John Walsh quitte l’institution qu’il a accompagnée dans son installation sur les collines de Brentwood. Soutenu par une fondation puissante, le musée a réalisé pendant ces années de nombreuses acquisitions, parfois qualifiées d’agressives dans le milieu culturel. Aujourd’hui à la retraite, le conservateur tire le bilan de son action dans un entretien avec notre correspondant.
À quoi ressemblait le Getty Museum lorsque vous êtes arrivé il y a dix-sept ans ?
En 1983, c’était une curiosité des plus charmantes. D’un point de vue architectural, le bâtiment était une sorte de folie, avec une collection très excentrique. Elle était constituée des objets choisis uniquement par John Paul Getty : antiquités, mobilier français et des peintures d’un intérêt contestable. Mais tout était déjà en place : les fondations d’une collection intéressante et un site inoubliable. Tout le monde adorait venir au Getty, cela faisait entrer beaucoup d’argent.
Comment décririez-vous l’évolution du musée ?
J’insisterais sur la collection, c’est la chose la plus importante dans un musée. Mais il faut reconnaître que celui-ci est à présent doté d’une personnalité très particulière. Il est devenu un lieu de travail où sont menées de nombreuses recherches. Nous avons un programme de publications ambitieux, nous organisons des événements importants pour les chercheurs, et de multiples activités pédagogiques.
Depuis le début des années quatre-vingt, la Californie a considérablement changé. Comment les musées de Los Angeles ont-ils évolué au cours de cette période ?
Il y a de plus en plus de lieux à visiter et de choses à faire. Toute une série de bâtiments ont été inaugurés de façon très médiatisée, et les expositions sont toujours plus consistantes. Les connaissances mises en œuvre pour leur réalisation ne cessent d’augmenter. Nous contribuons à cet état de fait en enrichissant la gamme des activités qu’offre Los Angeles et, j’ose le penser, en maintenant un niveau élevé de raffinement, mais aussi de force et de subtilité visuelle. La concurrence est plutôt bon enfant, mais elle existe. Nous essayons de nous motiver mutuellement. La collection de Norton Simon a sans aucun doute amené le Getty à renforcer sa collection de peintures. L’installation de cet ensemble a, à son tour, motivé le Norton à investir des sommes importantes dans la rénovation de ses locaux, initiative des plus fructueuses. Concernant l’art du XXe siècle, le MoCA (Museum of Contemporary Art), a, quant à lui, incité le Los Angeles County Museum of Art à passer à la vitesse supérieure.
Après votre départ continuerez-vous à jouer un rôle au sein du Getty ?
Je n’ai rien promis. Nous avons un vaste projet : ouvrir la villa de Malibu en 2003. Je vais travailler en indépendant, j’ai des idées de livres. Je n’ai pas l’intention d’accepter un autre poste.
Actuellement tous les musées semblent engagés dans des programmes de construction. Vous avez survécu à celui de Brentwood qui s’est étalé sur dix ans. Que pensez-vous de cette course ?
Les musées doivent d’abord savoir pourquoi ils ont besoin d’un nouveau bâtiment. Mais personne ne se demande vraiment quel genre de bâtiment il faut construire : il faut juste qu’il soit aussi bien, voire mieux que celui de Bilbao. La personnalité d’un musée dépend de la force de sa collection, et non de son luxe. Même si la fierté reste toujours un motif de construction. Aujourd’hui, le principal changement concerne les collections. Elle ne se développent plus au même rythme que par le passé, alors que c’est précisément ce dont les musées ont le plus besoin. J’ai passé l’année écoulée avec les membres du conseil d’administration afin de déterminer ce que nous voulions vraiment, et pas uniquement ce dont avait besoin la collection. Cette volonté existe, et heureusement, l’argent aussi.
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L’homme qui a gravi la colline
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°111 du 22 septembre 2000, avec le titre suivant : L’homme qui a gravi la colline