Nice, Toulouse, Cannes, Metz, Nîmes, Troyes…, nombreux sont les sites ou villes à entrer dans la course pour une inscription sur la Liste du patrimoine mondial, une « compétition » de plus en plus difficile.
Toulouse, Cannes, Nice, Nîmes, Metz ou encore Troyes : toutes ces villes se lancent ou se sont lancées ces derniers temps dans la course à l’inscription de leur patrimoine par l’Unesco, tandis que la future loi relative à la liberté de la création à l’architecture et au patrimoine prévoit d’intégrer la notion de « patrimoine mondial de l’Unesco » dans le droit national et les documents d’urbanisme.
Pas moins de 41 sites français ont ainsi été classés depuis 1979, le château de Versailles et la cathédrale de Chartres (Eure-et-Loir) ayant ouvert la liste. Depuis, les enjeux de l’inscription sont devenus planétaires, entre fierté nationaliste et intérêts économiques : un classement représente de facto « un coup de projecteur qualitatif » selon les mots de l’actuelle maire d’Albi, Stéphanie Guiraud, la cité épiscopale ayant été classée en 2010 ; un site patrimonial peu connu au niveau mondial devient alors susceptible d’attirer des millions de touristes étrangers. En France, on aiguise donc ses arguments pour répondre aux critères d’admission sur la fameuse liste malgré un processus devenu long et contraignant (lire p. 7).
À Nice, le maire Christian Estrosi (LR) a créé à l’été 2014 une mission pour la candidature de la ville à l’inscription de la Promenade des Anglais (lire le JdA no 441, 18 sept. 2015), un projet piloté par l’ancien ministre de la Culture et ancien président du château de Versailles Jean-Jacques Aillagon ; la feuille de route comprend un projet d’aménagement de la Promenade d’une surface de 6 hectares, projet découpé en trois tranches d’ici à 2020, pour un coût total de 16 millions d’euros. Englobant les parties XVIIIe siècle de la ville, il doit être présenté au ministère de la Culture avant la fin de l’année. Pour lui donner plus de chance d’être retenu, la municipalité prévoit parallèlement une demande de label « Ville d’art et d’histoire » et la mise en œuvre de l’inventaire du patrimoine architectural de la « ville nouvelle ».
Toulouse, Cannes, Metz
À Toulouse, le maire Jean-Luc Moudenc (LR) a décidé lors de la campagne électorale de 2014 de lancer le projet de candidature pour sa ville. Comme à Nice, la Ville s’est adjoint les services d’une personnalité passée par la Rue de Valois, Christine Albanel. L’ancienne ministre de la Culture, originaire de la « ville rose », aura fort à faire : la Ville vient de réactiver la programmation de son plan de sauvegarde et de mise en valeur (PSMV), abandonné en 1992, alors qu’elle peut se targuer de 51 sites classés au titre des monuments historiques. Promesse de campagne et sujet consensuel, la candidature de Toulouse portée à l’Unesco bénéficie, à l’instar de Nice, d’une volonté politique forte, un projet patrimonial à long terme présentant un intérêt majeur sur le plan de la visibilité.
Dans le Sud-Est, Cannes a officialisé en mai 2015 sa demande de candidature auprès des ministères de la Culture et de l’Écologie. Enjeu de l’inscription : la baie de Cannes, la Croisette et les îles de Lérins, deux facettes du patrimoine cannois, entre cinéma et nature. Les deux parrains qui accompagnent cette candidature incarnent cette dualité, Gilles Jacob, président d’honneur du Festival de Cannes, et l’abbé de Lerins, à la tête d’une communauté religieuse installée depuis seize siècles dans un monastère fortifié.
Pour ces villes, le calendrier sera long, de huit à dix ans. D’autres sites ont déjà passé le filtre du ministère de la Culture et se placent en bonne position, figurant déjà sur la liste indicative de la France à l’Unesco.
Metz, ville « royale et impériale », a été ajoutée en 2014 à la liste des 37 sites culturels et naturels de la France soumis à l’Unesco. Dans l’équipe de pilotage de la candidature, l’architecte Joseph Abram, fin connaisseur des dossiers Unesco, puisqu’il a œuvré entre 1998 et 2003 à la candidature de la ville du Havre (classée en 2005), travaille depuis 2010 à cette candidature. Afin de ne pas rester dans l’antichambre de la liste indicative (Rouen y figure depuis 1996), Metz joue la carte de la médiation en nouant un partenariat avec l’École nationale supérieure d’architecture de Nancy et en préparant une série d’événements autour de François Blondel, architecte et urbaniste créateur de la place d’Armes de Metz dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle.
Nîmes, quant à elle, a été introduite dans la short-list en 2012. Depuis, l’ambassadeur de France auprès de l’Unesco et le président de la Commission nationale française pour l’Unesco ont rencontré les personnes chargées d’un dossier de candidature dont le périmètre réunit les arènes, la Maison carrée, la tour Magne et le Carré d’art-Musée d’art contemporain.
Le Corbusier, candidat officiel pour 2016
Les plages du Débarquement (Utah, Omaha, Gold, Juno et Sword Beach) ont également été ajoutées à la liste indicative. En juin 2014, le président François Hollande a communiqué sa volonté de classer ces sites historiques au patrimoine mondial de l’Unesco.
Pour la session 2016, le gouvernement français a d’ores et déjà choisi son candidat : ce sera Le Corbusier. Malgré deux échecs, en 2009 puis en 2011, les ministères des Affaires étrangères, de la Culture et de l’Écologie veulent croire au dossier « L’œuvre architecturale de Le Corbusier : une contribution exceptionnelle au Mouvement moderne ». Dans son communiqué, le ministère de la Culture s’enthousiasme « d’une série d’œuvres et non d’un bien unique, ensemble qui revêt un caractère universel exceptionnel ». Mais c’est bien cet ensemble (composée de 22 œuvres en 2009, 19 en 2011 et finalement 17 en 2016) qui a par deux fois déjà été retoqué par l’Unesco, une candidature émanant de la France mais regroupant des édifices en Suisse, Argentine, Inde, Belgique, Allemagne et au Japon.
À cette longue liste pourrait s’ajouter : le Sancerre, tenté de déposer sa candidature après le succès en 2015 des vignobles de Champagne et de Bourgogne ; les châteaux cathares ; ou encore la ville de Troyes (Aube), qui après un classement en 2009 de la bibliothèque cistercienne de l’abbaye de Clairvaux (conservée à la médiathèque du Grand Troyes), rêve maintenant de faire connaître son centre historique du XVIe siècle.
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Les villes françaises à l’assaut de l’Unesco
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Abonnez-vous dès 1 €Nice, vue de la Promenade des Anglais. © O.T. Nice.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°447 du 11 décembre 2015, avec le titre suivant : Les villes françaises à l’assaut de l’Unesco