Comme en France, les responsables des salles de vente en Belgique se plaignent d’une fiscalité pénalisante vis-à-vis de Londres, Genève et New York. Néanmoins, les produits vendus ont été en hausse d’environ 15 % en 1997, tant à Bruxelles et Anvers qu’à Liège.
Au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, la satisfaction est de mise. Sur les sept ventes de quatre jours chacune pour disperser les 2 000 lots traditionnels, le chiffre d’affaires 1997 de la salle de la rue Royale, vieille de plus de cinquante ans et depuis toujours au sommet de la hiérarchie, progresse de près de 15 %. Le produit total est estimé à quelque 315 millions de francs belges (52,5 millions de francs français). Ce sentiment est partagé chez Vanderkindere, jeune maison âgée d’à peine huit ans. Le chiffre d’affaires global est estimé à 142 millions de francs belges (23,666 millions de francs français), soit un accroissement de 16 % environ. 80 % des 9 000 lots ont été vendus. La valeur moyenne de chaque lot atteint chez Vanderkindere 16 000 francs belges (2 600 francs français), aux Beaux-Arts 22 000 francs belges (3 600 francs français).
Ces derniers chiffres donnent la mesure du marché. Ils montrent que les acheteurs peuvent seulement profiter de ce que négligent les grandes maisons internationales. La Belgique est quadrillée par la concurrence étrangère. Les Britanniques raflent 60 % du marché en valeur, les Français, Autrichiens et Allemands 20 %, et les salles locales négocient le reste. Les chefs-d’œuvre partent, “avant de revenir dans 80 % des cas lorsqu’il s’agit de peintures fin XIXe-début XXe siècle”, estime Serge Hutry, de l’Hôtel des ventes Vanderkindere. Mais selon lui, “l’espoir n’est pas mince de voir débarquer à Bruxelles une nouvelle clientèle de Parisiens, désormais à 1h20 de notre ville grâce au TGV. Ces amateurs auraient tort de nous mépriser, car le marché belge, à qualité égale, est souvent un tiers moins onéreux que le français”.
Serge Hutry considère que l’ouverture du marché français aux maisons étrangères va changer peu de chose en Belgique. “De toute façon, les Anglais sont chez nous depuis vingt ans, et les Belges ne verront sans doute pas de différence entre Paris, Londres, Genève, Amsterdam ou New York, dès lors que les salles anglaises s’occupent de tout. Il n’y a qu’un constat qui tienne la route, c’est celui de la spécificité. À chacun son créneau”.
Hormis ces deux salles de ventes, très concurrentes en termes de clientèle et d’œuvres proposées, il ne reste que quelques “miettes” pour les petites sociétés comme Thémis, Saint-Georges, Ferrer, André et Moderne. Le marché du livre dans la capitale est de plus en plus limité aux rares dispersions organisées par les libraires Speeckaert et Godts. Plus le temps passe et plus ce négoce se déplace vers Liège, où Grommen et surtout Michel Lhomme dominent quasiment le marché national. Ce qui n’a pas empêché les maisons anversoises Amberes et Bernaerts, habituées des meubles et des objets d’art, de monter chacune deux vacations de livres anciens au fort retentissement. Amberes a annoncé un chiffre d’affaires en très forte hausse : 161 194 716 francs belges (26,991 millions de francs français); soit près de 50 % d’augmentation, frais compris, pour une dizaine de vacations de 500 lots en moyenne.
La plus belle enchère de 1997 a été portée à Anvers chez Campo et Campo lors de la vente d’octobre. Une toile de Gustav Van De Woestyne (1881-1947), La Tentation, s’est vendue juste en-dessous de l’estimation basse à 11,34 millions de francs belges, (1,89 million de francs français). Au Palais des beaux-arts de Bruxelles, en mai 1997, un bronze à patine brune de Rodin, L’Éternel printemps, fondu chez Barbédienne, a été vendu 6,36 millions de francs belges (1,06 million de francs français). Lors de la même vacation, Deux Dames dans un intérieur ou Leçon de musique, une petite toile attribuée à Marguerite Gérard, fin XVIIIe siècle, a été adjugée 2,28 millions de francs belges (380 000 francs français), soit huit fois l’estimation basse. Toujours en mai, une composition d’Antoine Wiertz, La Confidence, a trouvé preneur à 900 000 francs belges (50 000 francs français). En septembre, une toile française du XVIIIe siècle, Le Bain de Diane, faisait 696 000 francs belges (116 000 francs français) En novembre, on retiendra les 2,16 millions de francs belges obtenus pour une eau-forte de James Ensor, L’Entrée du Christ à Bruxelles. Les frais de 21 % sur l’acheteur sont compris ; le vendeur paye 10 % de ce prix.
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Les ventes en 1997
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°52 du 16 janvier 1998, avec le titre suivant : Les ventes en 1997