Galeries, foires et ventes aux enchères n’ont pas toutes rencontré le même succès au cours de l’année passée. La rédaction a sélectionné pour vous les événements les plus marquants.
Le tiercé de Kamel Mennour
En 2010, le galeriste Kamel Mennour a décroché le tiercé gagnant. Tout d’abord, il va rejoindre le programme général de la foire Art Basel (du 15 au 19 juin). Mais il a également signé avec l’artiste-star Anish Kapoor. En mai, il organisera la première exposition de l’artiste d’origine indienne dans une galerie française, parallèlement à l’opération « Monumenta » au Grand Palais, à Paris (du 11 au 23 mai). On a moins compris, en 2010, la manifestation « Daniel Buren et Alberto Giacometti », qui avait tout du mariage de la carpe et du lapin. Mais ce mélange incongru a permis à Kamel Mennour d’accéder à un autre territoire et à un public, plus moderne. Une façon de marcher dans le sillon de Larry Gagosian, lequel est venu visiter la galerie de son confrère. [R. A.]
L’éclat de la FIAC
Voilà quatre ans, personne n’aurait misé un kopeck, à Paris, sur la Foire internationale d’art contemporain, jugée provinciale et démodée. Au terme d’une refondation opérée par la direction bicéphale de Jennifer Flay et Martin Bethenod (qui a rejoint l’an dernier le Palazzo Grassi, à Venise), le salon a brillé de mille feux en 2010, ralliant les pointures du marché international. Malgré la grève des transports, l’événement fut, dans l’ensemble, solide commercialement. En 2011, tout l’enjeu sera d’assurer sa réunification sur un seul site au Grand Palais, avec la suppression de l’espace à la Cour carrée du Louvre. [R. A.]
La surprenante vente Richard Avedon à Paris
À la croisée de l’art et de la mode, le photographe américain Richard Avedon est très prisé sur le marché. Mais il était toutefois difficile de prévoir le total de 5,4 millions d’euros générés par la vente de 65 clichés issus de la Fondation Avedon, le 20 novembre chez Christie’s, à Paris. Le fait même que ces pièces soient vendues à Paris et non à New York, la capitale du marché de la photo, était une gageure. En marge de la vente, la Fondation Avedon a donné un ensemble de douze photographies d’Avedon à la Centre Pompidou Foundation. Estimé autour de 400 000 dollars (307 000 euros), ce fonds a rejoint les collections du musée parisien. [P. R.]
Les records de la vente Polaroïd à New York
La vente de la collection Polaroïd, dispersée les 21 et 22 juin à New York, une des plus grandes ventes de photographies jamais organisée par Sotheby’s, a été couronnée de succès. Elle a totalisé 12,4 millions de dollars (10 millions d’euros) contre une estimation haute de 10 millions de dollars. 88,8 % des lots ont été vendus et quatorze nouveaux records ont été battus, en tout premier lieu pour Ansel Adams dont les photographies trônent sur les six premières marches du podium, avec un premier lot à 722 500 dollars (583 000 euros). Notons des records pour Lucas Samaras, Harry Callahan, Chuck Close, Robert Rauschenberg, David Hockney ou encore Andy Warhol avec Autoportrait (les yeux clos), tirage unique Polaroïd en couleurs de 1979, adjugé 254 500 dollars (205 000 euros). [A. M.]
Une vente Art déco DeLorenzo sans fard à New York
Un raté du marché florissant de l’Art déco ? La vente de la collection Anthony DeLorenzo, les 14 et 15 décembre à New York, chez Christie’s ! Le lot phare, l’historique fauteuil « à la sirène », laqué noir et ivoire, créé par Eileen Gray entre 1917 et 1919, est resté invendu. Il était raisonnablement estimé 2 à 3 millions de dollars (1,5 à 2,2 millions d’euros). Issu de la succession Damia dispersée en 1978, puis acquis par un collectionneur en 1989 à New York chez Sotheby’s pour 209 000 dollars, il a longtemps été considéré comme une pièce unique, avant que ne soit découverte une suite de six autres fauteuils, ayant appartenu à Damia. Les six ont été vendus à l’unité, le 1er juin 2005 à Drouot (SVV Camard), à Paris, pour un total de 8,9 millions d’euros. Le plus cher est parti à 1,7 million d’euros, soit à l’époque le fauteuil le plus cher du monde. Ce record a été battu, le 24 février 2009 à Paris, chez Christie’s, par le fauteuil aux dragons d’Eileen Gray, provenant de la collection Saint Laurent-Bergé, adjugé 21,9 millions d’euros. [A. M.]
« Works on paper » isolé à Tefaf
L’idée d’une section dédiée aux œuvres sur papier à Tefaf, la foire de Maastricht, était bonne… sur le papier. Non qu’au final la qualité n’ait pas été au rendez-vous, avec les stands remarquables des galeries 1900-2000 (Paris) ou Wienerroither & Kohlbacher (Vienne). Mais cette section, située à l’étage, a pâti d’un réel isolement et d’affaires globalement mornes. Certains exposants ont vécu la faible fréquentation comme une ghettoïsation. Il n’y a en effet pas de raison valable pour que la poignée de marchands de dessins anciens ou de livres ne figure pas au rez-de-chaussée avec leurs confrères des mêmes disciplines. Le concept reste à peaufiner. [R. A.]
Un Cy Twombly mineur chez Gagosian
L’ouverture parisienne de la galerie Gagosian a eu indéniablement un effet positif en braquant les projecteurs du monde entier sur notre capitale. Mais fallait-il que le puissant marchand américain cède à la coquetterie d’inaugurer ses enseignes européennes avec Cy Twombly ? Car, si le peintre américain fut grand, ses dernières prestations sont extrêmement décevantes. Et l’exposition désastreuse chez Gagosian à Paris ne fait qu’enfoncer le clou. Mais certains collectionneurs ne regardent guère la qualité, et tous les tableaux exposés ont trouvé preneur, signe que les gens achètent une marque et non une œuvre. Espérons que la prochaine exposition parisienne, autour de Rodin et Sugimoto, fasse oublier l’événement inaugural… [R. A.]
Scandale à l’hôtel Drouot
L’image de marque du temple parisien des enchères en a pris un coup. Le scandale des manutentionnaires de Drouot a éclaté en décembre 2009, avec la mise en examen de plusieurs de ces manutentionnaires, appelés « cols rouges », pour association de malfaiteurs, vol et recel en bande organisée. Mais l’onde de choc a duré toute l’année 2010. Le 21 juillet, l’Union des commissionnaires de l’hôtel des ventes (UCHV), regroupant les 110 manutentionnaires de Drouot, a été mise en cause par la justice en tant que personne morale. Tous sont désormais interdits d’accès à Drouot. Les pouvoirs publics s’en sont mêlés et, à travers un rapport accablant sur la gestion de Drouot et son absence de stratégie à terme, ont exhorté les dirigeants de l’hôtel des ventes parisien à réformer l’ensemble du système. Début 2011, Drouot devrait connaître un autre tsunami avec des mises en examen de commissaires-priseurs ayant régulièrement vendu des objets dérobés par les cols rouges, un seul commissaire-priseur étant pour l’instant inquiété. [A. M.]
Un tableau de Nicolas Poussin invendu à Londres
Estimé entre 15 et 20 millions de livres sterling (17,7 à 23,6 millions d’euros), L’Ordre, œuvre magistrale de Nicolas Poussin et propriété du 11e duc de Rutland, n’a pas trouvé preneur à Londres chez Christie’s, le 7 décembre. Beaucoup voyaient en ce tableau un nouveau record pour une peinture ancienne française en vente publique. Le record actuel est détenu par La Surprise de Jean-Antoine Watteau, adjugée 12,3 millions de livres sterling (15,5 millions d’euros), le 8 juillet 2008, toujours à Londres, chez Christie’s (source Artprice). Avec l’aide de nombreux mécènes, le Musée du Louvre a acquis, en 2007, La Fuite en Égypte de Poussin pour 17 millions d’euros, tableau mis en dépôt depuis 2008 au Musée des beaux-arts de Lyon. Mais, en pays anglo-saxon, le maître français n’est pas adulé de la même façon : les amateurs sont rares pour une peinture jugée très intellectuelle et assez froide. L’échec de cette vente, sûrement annoncée avec trop d’enthousiasme, a jeté un froid sur le marché des tableaux anciens. [A. M.]
Art Paris l’indigeste
Le nouveau directeur de la foire Art Paris, Lorenzo Rudolf, avait promis une révolution avec le concept « ArtParis Guests ». L’idée que les exposants d’Art Paris invitent leurs confrères ou des professionnels issus du monde de la mode, de l’architecture et de la gastronomie ne manquait pas de piquant. Mais, au final, la foire fut indigeste, sans queue ni tête, et atone sur le plan commercial. Une conclusion amère sans doute pour Henri Jobbé-Duval et Caroline Clough-Lacoste, l’équipe sortante d’Art Paris, qui n’a pas réussi à rebondir avec le projet avorté du salon Art Picture. [R. A.]
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Les tops et les flops de 2010
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°339 du 21 janvier 2011, avec le titre suivant : Les tops et les flops de 2010