Créé en janvier 2009 par le président de la République, le Conseil pour la création artistique dirigé par Marin Karmitz a révélé ses premiers projets le 10 septembre. À cette occasion, Frédéric Mitterrand, invité de dernière minute, a fermement rappelé l’autorité de son ministère en matière de politique culturelle.
PARIS - Faire taire les spéculations sur l’avenir du Conseil pour la création artistique, créé en janvier 2009 par le président de la République. Tel était l’objectif partagé de Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture et de la Communication – invité de dernière minute –, et de Marin Karmitz, délégué général de ce conseil, lors d’une toute première présentation à la presse, le 10 septembre. Depuis neuf mois, rien de concret n’a véritablement filtré du travail de cet objet non identifié, lancé comme un affront à la ministre de l’époque, Christine Albanel. D’emblée, le producteur de cinéma a souhaité donner sa définition du conseil : « Être un laboratoire de recherche sur la création et les savoirs, avec la possibilité, unique au monde, d’expérimenter ces recherches.» Organisée au Musée du quai Branly au lendemain de la première réunion officielle de ces membres à l’Élysée, la présentation était très attendue. Mais pas uniquement par impatience d’en connaître les projets… Depuis juin dernier, la donne a radicalement changé avec l’arrivée d’un nouveau ministre qui n’entend pas jouer les doublures. Frédéric Mitterrand est désormais le patron de la culture en France, et il a tenu à le faire savoir, avec la courtoisie propre au personnage. À une question sur les liens existant entre le Conseil pour la création et la Rue de Valois, le ministre – après avoir rappelé la longue amitié qui le lie au producteur de cinéma – a eu cette réponse cinglante : « Sur le plan administratif, je l’assimile à une DRAC [Direction régionale des affaires culturelles] in partibus. » Traduction : abrégeant la locution latine in partibus infidelium (dans le pays des infidèles), le ministre considère qu’étantdépourvu de fonction réelle, le conseil sera chargé de mettre en œuvre la politique culturelle définie par le gouvernement. Rien d’autre, même si Frédéric Mitterrand avait précisé auparavant que le conseil serait « une source d’enrichissement très fort pour le ministère » et qu’il comptait utiliser à plein « cette boîte à outils ».
Transversalité
Le salut du conseil ne pourra donc venir que de sa capacité à mener à bien le concept de transversalité destiné à faire en sorte que « la culture soit dans tous le ministères », selon son délégué général. Pour preuve, le seul projet bien avancé, sur les douze déjà concoctés, relève d’une commande… du haut-commissariat à la jeunesse. Les autres, qui empiètent directement sur les compétences du ministère de la Culture, demeurent encore assez flous. Démocratisation de l’accès à la culture, travail sur des zones géographiques délaissées, renforcement de la place de Paris comme capitale des arts, développement du numérique, diffusion de la culture française à l’étranger sont autant de pistes de travail qui sonnent pourtant comme de vieilles rengaines des politiques culturelles. Pour y parvenir, le conseil disposera de 10 millions d’euros. Un arbitrage est en cours à Matignon, dont il dépend, pour savoir qui mettra au pot, sachant qu’ils « ne seront pas pris sur le budget du ministère de la Culture », a précisé Marin Karmitz. Des fonds privés seront également sollicités. De quoi allègrement saupoudrer jusqu’à la fin du quinquennat, date à laquelle la « boîte à outils » sera remisée au placard. Pour des projets qui, aussi pertinents soient-ils, ne feront pas une politique culturelle.
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Les premiers projets de Marin Karmitz
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°309 du 18 septembre 2009, avec le titre suivant : Les premiers projets de Marin Karmitz