PARIS - Les principaux musées parisiens n’en finissent pas de perdre des visiteurs. Après une baisse de 1,5 million environ en 2015, ce sont 1,8 million de personnes qui se sont évaporées en 2016.
En cause, la série d’attentats qui a secoué la capitale en 2015 et qui a fait fuir à la fois les touristes étrangers, par peur de nouvelles attaques, et le public scolaire en raison des contraintes supplémentaires pesant sur les sorties en groupe. La baisse est particulièrement préoccupante au Louvre qui, à lui seul, enregistre en deux ans 2 millions d’entrées en moins. Très dépendant de la fréquentation touristique, le Louvre paye aussi une programmation « exigeante » selon le vocabulaire couramment utilisé pour désigner des expositions pointues. « Hubert Robert, un peintre visionnaire » et « Bouchardon, une idée du beau » ont attiré 3 à 4 fois moins de visiteurs que les expositions sur Ingres, Mantegna ou Raphaël programmées sous l’« ancien régime », entendez celui d’avant Jean-Luc Martinez. Orsay, après avoir bien résisté en 2015, voit sa fréquentation baisser de 13 %, tout comme le Quai Branly (– 11 %). Le Centre Pompidou est un cas à part. Il est le seul de tous les musées parisiens à communiquer des chiffres en nombre de visites lorsque les autres comptabilisent des visiteurs. Un visiteur compte ainsi pour trois visites lorsqu’il se rend dans les collections permanentes puis dans une exposition temporaire et enfin à une conférence. Sont également enregistrés les visiteurs qui viennent seulement admirer la « Vue de Paris » depuis le dernier étage (5 €). De sorte qu’il est difficile d’interpréter la hausse communiquée de 9 % du nombre de visites, quand les expositions « Paul Klee » et « Anselm Kiefer » font des scores honorables mais deux fois inférieurs à « Kandinsky » (2009) ou « Dalí » (2013).
Résistance
Moins dépendants des touristes, les petits et moyens musées parisiens résistent mieux, à l’exemple de l’ensemble des musées de la Ville de Paris, du Musée Guimet, du Musée Delacroix ou de l’Orangerie. Le cas du château de Fontainebleau, où la part des étrangers est passée de 49 % à 24 %, est intéressant. Il a réussi à compenser la baisse du nombre de touristes par une augmentation du nombre de Franciliens grâce à une programmation volontariste. On attend toujours les chiffres de Versailles qui n’avaient fléchi que de 4 % en 2015.
L’effet « attentats » se mesure aussi par contraste avec la relative bonne fréquentation en régions, ainsi au Musée des beaux-arts de Lyon qui a accueilli 10 % de visiteurs en plus, tout comme le Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (MuCEM) de Marseille.
Le carnet de notes annuel des musées ne se réduit évidemment pas à la fréquentation, comme Le Journal des Arts le démontre en publiant chaque année son Palmarès des musées qui prend en compte une série de critères. Par ailleurs la baisse des visiteurs au Louvre et à Orsay ne peut qu’améliorer le confort de visite. Le Louvre se plaît ainsi à indiquer que le pourcentage de visiteurs « très satisfaits » est passé de 53 % en 2015 à 70 % en 2016. Mais les conséquences de cette baisse de visiteurs, surtout étrangers, se traduisent par une baisse des recettes qui se chiffre en plusieurs millions d’euros. Dans le même temps, les dépenses pour la sécurité ont grimpé en flèche. Soit autant de ressources en moins pour la programmation et la conservation. Nos institutions n’en sont heureusement pas encore réduites, comme au Metropolitan Museum of Art de New York, à licencier à tour de bras pour équilibrer leurs comptes.
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Les musées parisiens à la peine
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°471 du 20 janvier 2017, avec le titre suivant : Les musées parisiens à la peine