FRANCE
La découverte archéologique d’une équipe de chercheur montre que les copistes médiévaux pouvaient aussi être des femmes.
Lors d’une fouille sur le site d’une communauté monastique féminine situé le long du Rhin, l’équipe internationale du Max Planck Institute à mis au jour les restes d’une nonne présentant des tâches bleues sur la plaque dentaire. Publiées dans la revue Science Advances, les analyses de ces fragments bleus inhabituels ont montré qu’il s’agissait de lapis-lazuli, un matériau précieux associé aux manuscrits enluminées.
Cette découverte déconcertante a donc amené l’équipe d’archéologue à rapprocher un personnage féminin d’une activité considérée jusqu’ici comme exclusivement masculine. Or, il fait peu de doute que la nonne ayant vécu sur le site de Dalheim aux alentours de l’an 1100 ap. J.-C. ait occupé un rôle important dans la production des textes enluminés. Les copistes autorisés à manipuler le lapis-lazuli étaient en effet les plus talentueux, compte tenu de la préciosité d’un matériau qui arrivait des montagnes d’Afghanistan. Le bleu outremer, un pigment obtenu par le broiement du lapis-lazuli, était réservé, avec l’or et l’argent, aux manuscrits les plus raffinés.
Pour les archéologues, le défi fut d’expliquer comment le précieux pigment s’était retrouvé dans la bouche de cette nonne. Plusieurs scénarios ont été envisagés, mais le plus cohérent confirme l’hypothèse d’une nonne copiste : « En se basant sur la distribution du pigment dans sa bouche, nous avons conclu que le scénario le plus probable était qu’elle peignait avec le pigment, et léchait la pointe du pinceau en peignant » explique Anita Radini de l’Université de York. En humidifiant le bout de son pinceau et l’affinant ainsi, la copiste aurait gagné en précision dans son travail d’enluminure.
La présence du lapis dans plusieurs couches de la plaque dentaire indique que la nonne aurait pratiqué l’enluminure de manuscrits à un haut niveau, pendant une période de temps conséquente.
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Les moines copistes étaient aussi des nonnes
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