Les Journées européennes du patrimoine prennent la mer

France. Pour ses 75 ans, la RATP a concocté un riche programme lors des Journées européennes du patrimoine (JEP). Double occasion pour la régie du métro parisien, puisque son domaine d’activité est au cœur de la thématique annuelle des Journées qui se déroulent les 21 et 22 septembre : « Patrimoine des itinéraires, des réseaux et des connexions ». Les coulisses du métropolitain seront grandes ouvertes, avec la visite des centres bus de Flandre et Malakoff, ou du poste de commande de la ligne 5. Exceptionnellement, la rame Sprague-Thomson, une centenaire classée monument historique, sera présentée dans une station du 16e arrondissement.

La SNCF a également prévu un programme dense, avec les visites incontournables des gares et rotondes partout en France, mais aussi quelques temps fort autour de la grande vitesse : la présentation de la première rame de TGV détentrice du record mondial de vitesse, qui pointera son museau fuselé et orange au technicentre de Rennes, ou l’historique poste d’aiguillage de la ligne grande vitesse Paris-Lyon, en gare de Lyon, qui ferme ses portes cette année.

Mais la thématique sur l’itinérance de cette édition 2024 ne se limite pas aux transports. Pour le Conseil de l’Europe, c’est l’occasion de valoriser l’un de ses programmes encore peu connus, celui des itinéraires culturels européens. Pas moins de 31 des 47 itinéraires labellisés par le Conseil de l’Europe passent par la France : entre autres, l’itinéraire des sites clunisiens, la Via Charlemagne, l’itinéraire Saint-Martin de Tours, auxquels s’ajoutent ceux partant sur les traces du patrimoine juif ou de l’écrivain Robert Louis Stevenson. Cette approche, qui valorise la coopération entre sites et entre pays, ainsi qu’un tourisme loin des sentiers battus, est mise à l’honneur tout au long des lieux qui forment ces itinéraires. Le plus fameux d’entre eux, celui menant à Saint-Jacques de Compostelle, est au cœur des visites de l’abbaye de Daoulas (Finistère) comme de la tour Saint-Jacques (Paris). À Bordeaux, la Maison du pèlerin valorise le patrimoine immatériel de ce pèlerinage.

L’aviation, les télécommunications, le commerce ou le tourisme illustreront la thématique des réseaux et des connexions partout dans l’Hexagone. Le second thème annuel, celui du patrimoine maritime, anime la programmation des ports français. Dans le Nord, le phare de Walde, inscrit monument historique en 2022, fait la jonction entre les deux thématiques : le week-end des JEP offre la rare opportunité de découvrir cet édifice posé sur des pieux en fer forgé, et peut-être la colonie de phoques qui a élu domicile non loin de là.

Sur l’île de La Réunion, le patrimoine des Terres australes et antarctiques françaises est dévoilé lors de conférences et d’une exposition organisées au siège de la collectivité, à Saint-Pierre. En métropole, des ouvertures exceptionnelles livrent un pan de l’histoire maritime française, comme celles des Archives des canaux du Midi à Toulouse ou de l’École nationale supérieure maritime sur son nouveau site de Saint-Malo (Ille-et-Villaine). Les navires se visitent également lors de ce week-end : le pont du Belem [voir ill.], à Saint-Malo, et ceux des navires de Canet-en-Roussillon (Pyrénées-Orientales) seront accessibles aux visiteurs. À Brest, un sloop coquillier va même prendre la mer pour des visites de vingt minutes. À Marseille, il faudra se rendre sur les îles du Frioul pour découvrir La Flâneuse, une embarcation de travail d’intérêt patrimonial et encore en activité de pêche.

Hors de ces thématiques, les JEP restent l’occasion de pénétrer des lieux de pouvoir d’ordinaire inaccessibles : l’Élysée, l’hôtel de Matignon et l’Assemblée nationale sont bien ouvertes à la visite en cette année à l’actualité politique chargée. D’autres portes s’ouvrent partout en France, comme celles de l’hôtel de région des Hauts-de-France, pour une visite axée sur le fonctionnement de la collectivité ; de la prison Hennequin à Troyes (Aube) ; de la Banque de France à Saint-Étienne (Loire) ; ou de la pittoresque préfecture de l’Ariège à Foix.