Les époux Lemaître

Isabelle et Jean-Conrad Lemaître, collectionneurs français installés à Londres, sont des passeurs. Des militants de l’art vidéo qu’ils ont embrassé en 1996 avec leur premier achat, un plan fixe de la britannique Gillian Wearing dont ils furent les premiers acheteurs privés. Depuis, leur trésor, conservé à côté des chemises de monsieur, s’est étoffé d’une cinquantaine de pièces, en plus des centaines de films de cinéma et des œuvres d’art plus matérielles acquises depuis une vingtaine d’années.

Chez eux, nul écran plat, et le vidéo-projecteur est soigneusement rangé. Aucune vidéo-tableau en boucle et en décor de fond. « La vidéo c’est comme les gravures, ça se sort, c’est un moment privilégié », entonnent-ils en cœur. Les œuvres collectionnées par le couple ne se prêtent d’ailleurs pas à l’exercice : engagées, politiques, elles remuent le regard. Ces vidéos-là se partagent, se discutent.
Les Lemaître aiment se charger de cette part d’initiation et de la promotion de leurs jeunes artistes. Isabelle fait aussi partie du comité technique du Frac Alsace pendant que Jean-Conrad, une fois son travail dans la finance accompli, écume galeries et expositions tout en s’investissant auprès du comité de Loop Barcelona, jeune foire vidéo programmée en mai 2006. Insatiables, ils n’en finissent pas de prospecter. De regarder le monde.