ESPAGNE
Des experts contestent l’authenticité des bijoux qui auraient été volés en Ukraine et récupérés par la police espagnole.
La police espagnole a annoncé lundi 23 octobre avoir saisi des bijoux d’une valeur de 60 millions d’euros, qui auraient été volés en Ukraine. Cependant, selon deux experts en artefacts gréco-scythes, les bijoux saisis sont « très probablement » des « imitations modernes ».
Ces bijoux auraient été prétendument fabriqués par les Scythes, un peuple nomade réputé pour son orfèvrerie qui vivait dans l’actuelle Ukraine et dans le sud de la Russie. Datant du VIII au IVe siècle av. J.-C, ces pièces étaient accompagnées de faux documents attestant qu’elles appartenaient à l’Église orthodoxe ukrainienne.
Trois Espagnols, un prêtre orthodoxe basé à Madrid et deux Ukrainiens, ont été arrêtés au cours de l’enquête. Le prêtre aurait falsifié les documents de provenance des bijoux pour faciliter leur revente sur le marché noir. L’enquête a en effet commencé lorsque des policiers ont appris qu’un citoyen ukrainien tentait de vendre les bijoux en dehors du circuit habituel.
Selon la police espagnole, les objets auraient été conservés dans un musée à Kiev de 2009 à 2013, puis « illicitement exportés d’Ukraine au cours des premiers mois de l’année 2016 ». Cette saisie est le résultat d’une opération de longue haleine qui a permis de démanteler « un réseau criminel dédié au trafic illicite de biens culturels en provenance de l’Ukraine », a déclaré la police espagnole. Les investigations ont été menées « en collaboration avec plusieurs pays, notamment la Bulgarie, l’Ukraine, l’Albanie, la Macédoine du Nord et Chypre, ainsi qu’avec la division de la coopération internationale ».
Les objets volés sont en cours d’étude par des experts du Musée archéologique national et de l’Institut du patrimoine culturel d’Espagne. La police espagnole a publié des images et des vidéos de ces objets et a affirmé que des experts espagnols les estiment à plus de 60 millions d’euros.
Cependant, cette estimation est contestée par deux spécialistes qui ont déclaré que les bijoux saisis étaient des « imitations modernes », rapporte le New York Times. Leonid Babenko, archéologue au Musée historique MF Sumstov Kharkiv, en Ukraine, a expliqué dans un e-mail que les objets étaient des « contrefaçons maladroites » et avaient très probablement été créés pour des collectionneurs privés.
Selon l’archéologue Caspar Meyer, professeur de Grèce antique et d’Eurasie au Bard Graduate Center New York, il existe très peu d’artefacts gréco-scythes authentiques, car ils sont difficiles à fouiller et sont généralement enterrés à une profondeur considérable. « Il n’y a que 30 à 40 objets gréco-scythes majeurs qui ont été récupérés jusqu’à présent. » Malgré « l’authenticité douteuse des pièces », Caspar Meyer estime qu’elles devraient être renvoyées en Ukraine « pour une étude plus approfondie » sur leur création.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Les bijoux scythes saisis en Espagne pourraient être des faux
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €