Léonard Gianadda, « Héros de Martigny »

À peine arrivé à la fondation qu’il a ouverte il y a trente ans à Martigny, en Suisse, en mémoire de son frère Pierre décédé dans un accident d’avion, le visiteur fait face à un homme à la carrure impressionnante, qui le scrute sans broncher mot. Puis, il lui concède « un quart d’heure », pas plus, avant de finalement l’inviter à le rejoindre « au jardin ». Mais deux heures plus tard, le visiteur est toujours en sa compagnie ainsi que celle de Brancusi, Ernst, Calder, Miró… dont les œuvres parsèment le parc de la fondation.

Assis à la terrasse, Léonard Gianadda parle peu de lui, ou du bout des lèvres. Il parle de ce qu’il fait pour l’art, la musique et Martigny, des treize sculptures qu’il a offertes pour les giratoires de la commune, et de ses amis : Cecilia Bartoli, la chanteuse, Daniel Marchesseau, le directeur du musée de la Vie romantique, Sam Szafran, le peintre qui a les honneurs d’un pavillon à son nom. Mais des reportages qu’il a réalisés dans le monde entier à l’âge de vingt ans il ne dit rien, de son métier d’ingénieur et de sa réception à l’Académie française non plus d’ailleurs. Ou peu. Pour cela, il a planifié un entretien avec le directeur de la médiathèque de Martigny, auteur d’une exposition « Léonard Gianadda ».
Deux heures ont passé. Au moment de se quitter, sa collaboratrice lui glisse une lettre. Elle est adressée au « héros de Martigny », signée Germain Viatte.