Après les effets d’annonce des ministres de la Culture et de l’Éducation en janvier, les chargés de projets recrutés afin de relancer le plan pour l’éducation artistique sont menacés de disparaître.
PARIS - Le 3 janvier, les ministres de la Culture et de l’Éducation annonçaient la relance du « plan pour l’éducation artistique et culturelle », qui, à bien y regarder, tenait plus de l’effet d’annonce que de mesure concrète (lire le JdA no 208, 4 février 2005). Preuve en est la situation actuelle des 75 chargés de projets recrutés au sein du Sceren (Service culture, édition, ressources pour l’éducation nationale), menacés de disparaître avec la fin des emplois jeunes. Une note du ministère de l’Emploi, en date du 18 janvier, a en effet annoncé que les contrats à durée déterminée conclus sous le dispositif emploi jeunes ne seraient pas remplacés « en cas de rupture avant terme ». Autrement dit, impossible de recruter un nouveau chargé de mission si l’un d’eux s’en va. Qui plus est, les derniers contrats jeunes arrivent à échéance en 2007 et, pour l’heure, rien n’est prévu pour que ces médiateurs entre enseignants et professionnels de la culture puissent poursuivre leur mission. Recrutés en 2002 pour cinq ans par les centres régionaux de documentation pédagogiques, ou CRDP (dépendant du ministère de l’Éducation nationale), leur rôle premier est d’accompagner à l’échelle régionale la mission « arts et culture » constituée au sein de la direction de l’enseignement scolaire (Desco) et du Centre national de documentation pédagogique (CNDP), établissement public sous tutelle du ministre de l’Éducation nationale. Ils ont participé à la publication de nombreux ouvrages pédagogiques dans des domaines aussi variés que le cinéma, le patrimoine, la danse, la littérature, la culture scientifique et technique, les arts plastiques, l’architecture, les arts du cirque… Ils sont aussi les auteurs d’importants colloques permettant à des personnalités de transmettre leur savoir et de lancer des ateliers ou des réflexions dans les écoles. Ainsi, l’architecte en chef des Monuments historiques Alain-Charles Perrault est intervenu sur le thème du patrimoine antique au CRDP de la région PACA (Aix-Marseille), tandis que le styliste Jean-Charles de Castelbajac a été à l’origine d’un travail autour du sac dans l’une des écoles de la région. « Nos actions ont déjà des retombées dans le primaire ou le secondaire, mais aussi auprès des partenaires culturels ; il nous faut du temps pour installer notre mission et faire en sorte que les chantiers que nous avons lancés ne s’arrêtent pas de sitôt. Nous avons acquis un véritable savoir-faire qu’il faut à présent mettre en avant », explique Éric Rostand du CRDP d’Aix-Marseille. « Non seulement il faudrait remplacer ceux qui s’en vont, mais aussi revaloriser leur fonction pour les garder », renchérit Hélène Jarry-Personnaz, directrice du département Arts et
culture au CNDP, qui rappelle la qualité et l’importance du travail réalisé. Malgré une lettre au directeur général du CNDP, les chargés de mission restent dans le flou le plus total. Le séminaire provoqué par les CRDP, les 11, 12 et 13 mai, ne leur a apporté aucune réponse concrète, pas plus que leur appel aux ministres de l’Éducation nationale, de la Culture et de l’Emploi, aux députés et aux sénateurs, le 8 mars, resté lettre morte. Leur avenir est remis au bon vouloir des Régions, c’est-à-dire sans aucune cohérence au niveau national pour relancer l’enseignement des arts à l’école. L’enseignement artistique est décidément le parent pauvre de la politique gouvernementale.
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L’enseignement artistique en danger
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°218 du 24 juin 2005, avec le titre suivant : L’enseignement artistique en danger