Amoureux de Rome et de Venise, l’exposition des grandes heures d’Antonio Canal dit Canaletto (1697-1768) est faite pour vous. Vingt années de vedute du Grand Canal, de la place Saint-Marc, de campi innombrables, mais aussi du forum romain, du Panthéon, de l’arche de Constantin, peints avec cette précision diabolique qui faisait la réputation européenne du maître du vedutisme. Si Canaletto n’a pas inventé ce genre pictural de la vue urbaine, il fut un des premiers à le remettre au goût du jour, en pleine vogue des caprices, vues de ruines antiques fort prisées au début du XVIIIe siècle. L’exposition romaine se consacre uniquement aux deux décennies qui ont précédé le départ de Canaletto à Londres en 1746, sous la pression de collectionneurs britanniques férus de ses panoramas vénitiens spectaculaires, alliages de méticulosité et de science du coloris. On ne s’étonnera pas de constater que la liste des prêteurs est ici de nationalité majoritairement anglo-saxonne, de telles vues urbaines étant destinées à l’époque aux fortunés touristes et diplomates attirés par la splendeur culturelle de la Sérénissime alors en plein déclin politique. Aux trente et une toiles rassemblées pour ce « Triomphe de la veduta », s’ajoutent trente et un dessins et travaux préparatoires, témoignages uniques et passionnants de ces constructions optiques, réalisées à la camera oscura, puis savamment reprises en atelier. L’exposition offre quelques-unes de ses cimaises à Bellotto le neveu, à Guardi et Marieschi, garants du genre. Seul Guardi parviendra à se détacher de l’influence du maître, en peignant d’une touche plus nerveuse des toiles expressives et vibrantes, empreintes de nostalgie, aux antipodes d’un Canaletto triomphant dans la sobriété.
« Canaletto, il trionfo della veduta », ROME, Palazzo Giustiniani, www.canaletto.it, jusqu’au 19 juin.
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Le triomphe de Canaletto
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°569 du 1 mai 2005, avec le titre suivant : Le triomphe de Canaletto