Le Thyssen double sa mise

MADRID (de notre correspondant) - Une indiscrétion du nouveau ministre de l’Éducation et de la Culture, Mariano Rajoy, a lancé les spéculations sur l’extension du Musée Thyssen-Bornemisza. Si l’on en croit ABC et El País, le ministère négocierait l’achat d’un bâtiment adjacent. Cette acquisition pourrait préluder à celle de la collection de la baronne Carmen Thyssen, à plus ou moins long terme. “Nous ne pouvons rien confirmer”, a été l’unique réponse de Tomás Llorens, conservateur en chef du musée, à nos questions. En octobre 1997, il envisageait déjà, dans une interview, cette éventualité, alors que l’Espagne avait déboursé en 1993 la somme colossale de 350 millions de dollars pour acheter les 775 peintures de la collection privée du baron Thyssen-Bornemisza. La baronne possède, elle, plus de 700 œuvres : de Canaletto aux paysages impressionnistes et postimpressionnistes français, en passant par Goya. Elle s’intéresse également à l’art espagnol du XIXe et du premier tiers du XXe siècle.

De toute façon, des informations n’auraient pas filtré si la décision du ministre n’était pas arrêtée et si les négociations n’étaient pas en cours avec Carmen Thyssen. Ce projet s’inscrit dans une véritable frénésie d’extension des institutions madrilènes, tant au Musée du Prado qu’au Centro d’Arte Reina Sofía ou au futur Musée des collections royales. Autant d’opérations dont la nécessité ne semble pas toujours évidente. Pourquoi, en effet, agrandir un musée comme le Thyssen, inauguré en 1992 ? Sa taille moyenne est idéale et les plus belles pièces de la collection de la baronne pourraient parfaitement s’y intégrer. L’avenir dira s’il s’agit d’un simple effet d’annonce avant les élections ou d’un véritable projet culturel.