Du 8 au 13 juin, Bruneaf invite à découvrir autrement les arts primitifs. 49 exposants internationaux participent à la manifestation du quartier du Grand Sablon.
C'est avec une pointe de fierté que le marchand belge Pierre Loos, dynamique maître d’œuvre du salon qui se tiendra à Bruxelles du 8 au 13 juin, annonce : « Bruneaf [Brussels Non European Art Fair], ça sonne bien, comme Tefaf ! ». Tout commence en 1983 lorsque cinq marchands décident de synchroniser leurs vernissages. Sous la férule de Pierre Loos, la formule s’est élargie et bonifiée au fil des ans, ralliant l’adhésion des grands pontes locaux comme Lin Émile Deletaille et Pierre Dartevelle. Rompant avec le schéma habituel des foires, l’événement devient international à partir de 1996-1997. Chaque année, les marchands étrangers invités élisent leurs quartiers autour de la place du Grand Sablon, fief des arts primitifs. « Bruneaf, c’est le moment le plus important de l’année commercialement. On prépare la nouvelle édition presque quand on termine la précédente. On met des objets de côté dès qu’on le peut, mais c’est de plus en plus difficile », déclare le marchand bruxellois Patrick Mestdagh, qui présentera notamment une dizaine de massues océaniennes. « Bruneaf, c’est un gros “plus” commercial, mais surtout pour ceux qui ne travaillent qu’avec le marché belge », précise de son côté le trublion bruxellois Patric Claes. Ce dernier déploie pour l’occasion un bouclier d’initiation Kikuyu du Kenya.
Malgré la présence de Valluet-Ferrandin, Maine Durieu et Renaud Vanuxem, il manque à la manifestation quelques ténors français comme Alain de Monbrison ou Ratton-Hourdé. Tout en saluant le concept, certains regrettent le nombre trop important d’exposants. « C’est une foire où l’on vend toujours. J’y rencontre une clientèle belge qui ne se déplace pas nécessairement à Paris. Le climat y est aussi très festif », défend Maine Durieu. Il est vrai que l’esprit convivial de la manifestation reflète l’ambiance relativement collégiale qui règne entre les marchands bruxellois. « Les gros collectionneurs et les institutions s’y rendent, mais aussi ce qui fait le poumon du marché, c’est-à-dire les petits et moyens collectionneurs qui ont peur de la montée abusive de certains prix lors de ces dernières années et qui dépensent entre 1 000 et 5 000 euros sur une foire », souligne aussi Renaud Vanuxem.
La présente édition recense 49 participants, notamment Rive Haute, une nouvelle recrue belge spécialisée dans la peinture africaine et africaniste. « C’est un essai, reconnaît Francis Sausez, directeur de la galerie. Ceux qui achètent la peinture africaine peuvent s’intéresser aux fétiches faits pour les colons ou aux arts primitifs en règle générale, ce qui est moins le cas des amateurs de peinture africaniste. » Le marchand belge Bernard de Grunne, qui avait boudé l’événement l’an dernier, sort de sa réserve avec une belle herminette cérémonielle Bashilele du Congo. Bruneaf essuie en revanche la défection de trois Américains, Joël Cooner, David F. Rosenthal et Taylor Dale, refroidis par le cours de l’euro face au dollar. La tenue du très couru New York International Tribal & Textile Arts Show du 15 au 17 mai n’est pas étrangère à leur absence. La New-Yorkaise Tambaran revient cependant timidement en confiant à la galerie Chrischilles quelques objets, dont une belle figure féminine Baoulé de Côte d’Ivoire. Cette année marque aussi le retour du New-Yorkais Joseph G. Gerena.
Concordance de dates
Comme tout salon qui se respecte, Bruneaf suscite des vocations concurrentielles. Kaos-Parcours des Mondes, organisé à Paris en septembre depuis trois ans sur un canevas similaire, provoque des tiraillements parmi les professionnels. Les marchands internationaux devront à l’avenir choisir entre Bruxelles en juin ou Paris en septembre. « Il y a un effet de redondance car les marchands n’ont pas la possibilité en deux mois d’intervalle de fournir suffisamment de pièces, d’autant plus que la clientèle entre Paris et Bruxelles est à 80 % identique. Il faudrait au moins trois mois et demi d’écart entre les deux », insiste Pierre Loos. Ce dernier convient d’ailleurs que, faute de pouvoir éviter une légère déperdition, il est nécessaire de rester inventif. La prochaine cuvée en 2005 pourrait ainsi compter un contingent plus important de galeries d’art asiatique, menées par Georgia Chrischilles. On observe déjà cette année l’arrivée du marchand d’art d’Extrême-Orient Serge Le Guennan, qui présente un masque mortuaire Liao. Bruneaf a aussi réussi à accorder ses violons avec la BAAF (Brussels Ancient Art Fair), qui regroupe une vingtaine de marchands d’archéologie du 5 au 13 juin. Un terrain d’entente qui se manifestera l’an prochain par une concordance de dates entre les deux manifestations. Histoire d’en finir avec les querelles de salons.
Du 8 au 13 juin, Bruxelles, 8 juin 14h-21h, 9-10 juin 10h30-12h30, 14h30-18h30, 11 juin 10h30-12h30, 14h30-21h, 12 juin 10h30-21h, 13 juin 11h-17h ; renseignements : secrétariat Bruneaf, 17, impasse Saint-Jacques, 1000 Bruxelles, tél. 32 2 514 02 09, www.bru neaf.com
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Le rendez-vous de Bruxelles
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°194 du 28 mai 2004, avec le titre suivant : Le rendez-vous de Bruxelles